Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au hasard, en se bornant à observer les résultats obtenus et en retenant ceux qui amènent une amélioration. On possède aujourd’hui, par la thermochimie et la thermodynamique, des moyens plus scientifiques d’apprécier les quantités de chaleur qui sont nécessaires théoriquement sous les trois formes principales où cette chaleur est employée : élévation de température, réactions chimiques entraînant une absorption de chaleur, transformation en énergie. Il est donc possible de préciser le point où se produit une dépense exagérée et d’en trouver le remède. Le rôle de l’ingénieur-conseil, chargé exclusivement du service des économies, sorte de médecin des fours, est de suggérer le perfectionnement, dont on s’efforce ensuite, autant que possible, de suivre la marche par des appareils enregistreurs. De semblables appareils, quand ils sont réalisables, ont pour avantage de renseigner constamment les contremaîtres sur le régime de telle ou telle partie d’un four, d’une chaudière ou de tout autre appareil métallurgique, en éveillant l’attention de l’ouvrier, qui sait que toute négligence de sa part sera mécaniquement notée et signalée.


Les résultats obtenus ont été singulièrement frappants et on peut dire qu’ils ne constituent pas une exception, mais le cas général, toutes les fois que l’on aborde sincèrement et avec ténacité une recherche particulière. Au haut fourneau, on a pu gagner 35 kilogrammes de charbon par tonne de fonte (sur 700) ; au four Martin, 100 kilogrammes (sur 350) par tonne d’acier. Si l’on veut se faire une idée de ce que peuvent représenter ces chiffres pour l’ensemble de la France, on peut les multiplier par les 5 millions de tonnes de fonte et les 1 500 000 tonnes d’acier Mari in que nous fabriquions avant la guerre et qui seront largement dépassées dans la suite. Quoique ce genre de multiplication soit toujours dangereux, il nous donne l’ordre de grandeurs que représenterait ce seul bénéfice : 325 000 tonnes de combustible par an. En danger, auquel il faut veiller toutefois, est que ces économies ne soient pas poussées trop loin, de manière à ne pas diminuer la qualité des produits fabriqués.

Comme utilisation moderne des combustibles, il y a lieu de mentionner spécialement la récupération des chaleurs perdues. Parmi les cas où cette pratique s’est le plus généralisée, nous nous bornerons à citer les hauts fourneaux, pour lesquels elle