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L’avenir des petits États


VI. COMMENT GARANTIR LEUR INDÉPENDANCE[1]


I

Il faut vaincre l’Allemagne avant de parler de la paix. Cette nécessité apparaît inéluctable à qui s’est donné la peine de noter le crescendo des ambitions germaniques depuis l’écroulement de la Russie. Par le mot vaincre, j’entends qu’il faut non seulement mettre l’Allemagne dans l’impossibilité de continuer la lutte, mais la contraindre à réviser les traités qu’elle a arrachés à la lâcheté des révolutionnaires russes, à l’impuissance de la Roumanie et à la faiblesse des nouvelles venues dans la famille européenne, l’Ukraine et la Finlande. Cela même ne suffirait pas. Hypnotisés par l’exemple de Napoléon, leur grand modèle, généraux et hommes d’État prussiens prétendent border l’empire des Hohenzollern, comme il avait fait le sien, d’une ceinture de royaumes feudataires et de principautés vassales. Courlande, Livonie, Lithuanie, Pologne, formeraient des fiefs à distribuer aux cadets de la famille impériale et aux princes bien en cour à Berlin. Si on laissait construire ces contreforts de la puissance allemande, on lui abandonnerait des réserves de matériel humain et des champs d’exploitation économique, qui la rendraient plus tard maîtresse des destinées du monde.

Les petits États sont intéressés au premier chef à la défaite

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 janvier, 15 mars, 15 avril et 1er juillet.