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distance que, pour être sûr de rester au-dessous de la vérité, l’on peut chiffrer à 500 kilomètres en moyenne, puisqu’elles venaient en égale quantité d’Angleterre et d’Amérique ou d’Asie, faisant tantôt 30 kilomètres et tantôt 7 000[1].

Tous ces transports étaient une création récente : ils dataient de la seconde moitié du XIXe siècle. Celui des chemins de fer, qui remplaçait la traction animale sur certains points, ne l’avait pas diminuée ; il s’était purement ajouté à elle : c’était un gain total. Le nombre des chevaux de trait ayant fort augmenté, ainsi que la longueur des routes ouvertes, on peut être sûr que les charrettes et camions dans leur ensemble véhiculaient en 1913 un poids très supérieur à celui d’il y a soixante ans[2]. Quant aux transports maritimes, les entrées et sorties annuelles des ports français qui, — non compris le cabotage, — étaient, il y a cinq ans, de 51 millions de tonnes, ne dépassaient pas 11 millions de tonnes en 1869 et 3 millions et demi en 1845. Enfin sur les fleuves et canaux qui, les premiers du moins, semblent avoir été le mode de locomotion préféré de jadis, le trafic était à peine, en 1850, le quart de ce qu’il était à la veille de la guerre actuelle ; on en verra plus loin les motifs.

Il s’écrit plus de lettres qu’il ne se fait de voyages, mais il se véhicule, au poids, incomparablement plus de marchandises que de papiers postaux et de créatures humaines. Les anciens modes de transport étaient parvenus à assurer tant bien que mal la circulation des lettres et même des voyageurs, colis peu encombrants et peu lourds. Les quatre-vingt-dix objets de correspondance, — moitié lettres, moitié journaux ou imprimés, — que chaque Français recevait annuellement avant 1914 représentent, à vingt grammes chacun, une charge globale de 720 000 tonnes. Ce voyageur lui-même qui montait en chemin de fer quatorze fois par an et faisait en totalité 462 kilomètres sur le territoire de la République, admettez qu’il pèse individuellement 75 kilos, constituait, pour l’ensemble des réseaux,

  1. Notre commerce avec l’Angleterre se chiffrait, en valeur, par 2 milliards 400 millions et notre commerce avec les États-Unis, l’Argentine, le Brésil, les Indes Anglaises, la Chine et la Turquie, formait un total de près de 3 milliards. En poids, ces échanges respectifs étaient dans un rapport semblable à celui de la valeur.
  2. Le nombre des entreprises de voitures publiques était de 14 000 en 1896 ; il était de 19 000 en 1909.