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UNE
NOUVELLE ANABASE
LA CAMPAGNE DES TCHÉCO-SLOVAQUES EN SIBÉRIE

Il y a quelques semaines, on pouvait lire dans le même numéro d’un journal du soir, et presque côte à côte, quatre informations : l’une avait trait à un détail de l’organisation de l’armée tchéco-slovaque en France ; l’autre relatait que le roi d’Italie avait passé en revue un régiment tchéco-slovaque ; la troisième annonçait que les troupes tchéco-slovaques venaient de battre les bolchevistes en Sibérie ; la dernière mentionnait les difficultés créées par le parti tchèque à M. de Seidler. Cette coïncidence confirme avec éclat ce que nous avons dit ici même[1] de l’action tchèque contre l’Allemagne, action si une sous des formes multiples et sur des terrains divers, si tenace à travers toutes les péripéties. De toutes les entreprises par lesquelles les Tchéco-Slovaques se posent en adversaires infrangibles du germanisme, celle qu’ils poursuivent en Sibérie a, plus que les autres, frappé les esprits du public occidental : il vaut la peine d’y insister un peu et d’en préciser, s’il est possible, le caractère et la portée.

Elle a déjà un nom, qui demeurera sans doute proverbial dans l’histoire militaire. C’est bien une « Anabase » en effet, ou plutôt c’est beaucoup mieux que l’Anabase antique. Entre la retraite des compagnons de Xénophon et celle des soldats

  1. Voyez la Revue du 1er juin 1918.