Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 47.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE PREMIER MAIRE CONSTITUTIONNEL
DE STRASBOURG
FRÉDÉRIC DE DIETRICH
1748-1793


I

Le chant de la Marseillaise, redevenu si populaire en ces jours de luttes héroïques contre les ennemis de la France, a rappelé le nom de Frédéric de Dietrich, premier maire constitutionnel de Strasbourg, chez lequel cet hymne de guerre fut chanté le 25 avril 1792. Je voudrais, d’après des notes inédites recueillies aux Archives et à la Bibliothèque nationale, les attestations des journaux et brochures de l’époque, les notes originales de son petit-fils et de quelques-uns de ses biographes, reconstituer la vie et surtout la fin si noble de ce généreux citoyen, exemple admirable de courage et d’honneur. C’est le but de cette étude, qu’en ma qualité d’Alsacien, je suis heureux de consacrer à la mémoire d’un tel compatriote.

Né à Strasbourg, le 14 novembre 1748, de Jean de Dietrich, banquier chargé du paiement des armées françaises en Allemagne et secrétaire interprète de l’Ordre du Mérite militaire, il avait pour mère Anne-Dorothée Hermanni, fille d’un banquier strasbourgeois, mêlé, à de grandes affaires financières. Jean de Dietrich avait obtenu du roi Louis XV des lettres de noblesse pour d’éminents services rendus à l’Etat pendant la guerre de Sept Ans. Ayant acquis une importante partie de seigneuries et domaines alsaciens, il avait pu porter légitimement les titres de baron de Dietrich, seigneur de Reichshoffen, d’Oberbronn et Niederbronn, de comte du Ban de la Roche et