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Peut-être est-il utile d’insister sur le cas de l’Allemagne, ne fût-ce que pour dissiper certaines illusions. L’Allemagne, qui, il y a trente ans, construisait un tonnage insignifiant, était montée à 465 000 tonnes en 1913. Avant la guerre, son tonnage commercial s’élevait à 5 561 000 tonnes. Les pertes faites pendant la guerre en navires capturés au début, coulés, ou retenus dans les ports alliés, montent, défalcation faite de quelques navires alliés retenus dans les ports allemands, à environ 2 500 000 tonnes. S’il fallait considérer comme perdus les navires réfugiés dans les ports neutres, la flotte allemande, plus atteinte que toute autre, serait réduite au tiers de son tonnage. Mais les Allemands ont fait, depuis la guerre, un effort de construction qu’on ne doit pas ignorer. En juillet 1916, les bâtiments achevés depuis les hostilités montaient déjà à 680 000 tonnes et 900 000 étaient en chantier, non compris les navires construits pour l’Allemagne en Hollande. Pendant longtemps, les armateurs allemands ont compté sur une prompte paix victorieuse et ont été occupés à construire des paquebots ou des cargos géants et à préparer de nouvelles lignes mondiales. Pourtant, en 1917, ils ont réclamé du secours et une loi du 7 novembre 1917 est venue à leur aide, permettant de subventionner les propriétaires de navires marchands, pour pertes de guerre, pour frais d’internement, etc. Il a été admis que les navires perdus par faits de guerre seraient remboursés dans la proportion non couverte par les assurances, sur une valeur d’estimation, calculée d’après le cours de juillet 1914, augmentée de 75 pour 100 si les navires devaient être reconstruits avant trois ans. Progressivement, la tendance Etatiste s’est accentuée, l’Etatisme étant d’essence germanique, et le gouvernement achète les bateaux marchands, afin de se procurer une flotte et de pouvoir abaisser le fret après la guerre. Les Compagnies sont obligées par la loi d’employer les sommes reçues à construire de nouveaux bateaux. Grâce aux efforts faits, on pense en Allemagne avoir reconstitué la flotte dans son état d’avant-guerre, à la cessation des hostilités.

En résumé, si l’on compte les navires de haute mer construits ou en construction en 1917, on trouve 1 275 000 en Angleterre, 775 000 aux États-Unis, 215 000 aux Pays Bas, 475 000 au Japon, 58000 en Italie, et nous avons assez dit quel progrès rapide avait été accompli en 1918. C’est en regard de