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cochon dans le même enclos et, le lendemain, nous sommes partis pour la chasse en emmenant Mariolo. Tandis que nous chassions les loups et les chevreuils, nous lui laissâmes le cochon, qu’il prit pour un sanglier et qu’il chassa à grand fracas et à grand bruit, le long des bois. Si seulement Votre Excellence avait pu le voir courant après ce cochon, vous seriez morte de rire, d’autant plus qu’il essaya bravement de le transpercer trois fois et n’arriva qu’une fois à le Loucher au flanc. En voyant combien il était fier de sa prouesse, nous lui dîmes : « Ne sais-tu pas, Mariolo, que tu as donné la chasse à un cochon ? » Il demeura muet d’étonnement et tout effaré, comme s’il ne savait ce que nous voulions dire et ainsi nous rentrâmes chez nous, infiniment divertis, chacun demandant à Mariolo s’il ne savait pas la différence qu’il y a entre un sanglier et un cochon. Votre frère, Lodovico Maria Sfortia, Vigevano, 6 décembre 1492.


Tels étaient les divertissements du plus raffiné des princes de la Renaissance.


ROBERT DE LA SIZERANNE.