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maladies et ne néglige rien de ce qui intéresse l’hygiène physique et morale du soldat.

J’ai vu cette immense organisation en plein fonctionnement, sur place, en visitant un des plus grands hôpitaux, sinon le plus grand de l’armée américaine. C’est une véritable cite neuve, qui vient de sortir de terre, auprès d’une bourgade bretonne, autour d’un bâtiment qui, avant la guerre, servait d’école normale pour les instituteurs d’un de nos départements de l’Ouest. Les salles de l’école, au rez-de-chaussée, sont aménagées en bureaux et en laboratoires. L’ancien réfectoire est devenu le mess des officiers attachés à cette formation sanitaire de l’intérieur. Obligeamment invité à la table que préside le médecin-chef, j’ai pu me renseigner à loisir sur l’œuvre et sur le dessein de nos alliés d’outre-mer. Ils veulent que les blessés soient tous placés dans des conditions telles que la nature puisse contribuer presque autant que l’art à leur convalescence et à leur guérison. L’air et la lumière entrent à flots dans les dortoirs par les fenêtres largement découpées et presque toujours ouvertes.

— Ces Américains ! me dit un blessé français, rencontré dans le jardin, ils aiment les courants d’air et les coups de soleil…

Le fait est que la doctrine thérapeutique des Américains consiste d’abord dans la plus scrupuleuse observance des règles de l’hygiène physique, inséparable de l’hygiène morale, unissant la santé de l’âme à la santé du corps. Aussitôt que les blessés sont en état de sortir de leurs chambres, on s’ingénie à multiplier, autour d’eux, les occasions et les moyens de divertissement. Sous la conduite du révérend Samuel G. Trexler, chapelain de l’hôpital, et de M. George J. Russel, secrétaire de l’Y. M. C. A. j’ai visité les salles de lecture, de concert et de conférence. Rien n’est oublié de ce qui peut servi, au maintien du bon état moral des soldats en traitement. Les Américains, qui ont la réputation d’être des gens sérieux, et qui la méritent, ne veulent pas toutefois se priver du plaisir d’avoir l’humeur avenante, et même le mot pour rire, jusque dans les circonstances les plus graves, « pour ce que rire est le propre de l’homme. » La guerre est une chose terrible : il ne faut pas qu’elle soit une chose ennuyeuse…

Mes aimables guides m’apprennent que le président Wilson