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UNE PERSONNALITÉ RELIGIEUSE

GENÈVE
1535-1907

IV. (1868-1907)[1]
AVANT ET APRÈS LA SÉPARATION

Qu’est-ce que l’Église réformée de Genève ? Quelles en sont les assises, les limites ? Telle est la question qui, durant le dernier demi-siècle, souleva dans Genève les esprits et les passions. C’était grave, déjà, qu’une telle question pût exister : on ne l’eût pas conçue, on ne l’eût pas comprise, au temps où les Genevois, collectivité vouée au service du Dieu de Calvin, formaient tout à la fois un peuple et une Église. Le peuple et l’Eglise, en ce temps-là, se recouvraient, se confondaient. Mais le peuple, par motif politique, dut un jour s’ouvrir à une autre confession, celle de Rome. L’Église protestante officielle, par motif théologique, crut devoir se fermer à certains éléments réformés, aux orthodoxes du Réveil. Désormais cette Eglise ne s’identifiait plus avec le peuple genevois ; elle n’était plus la République. Et tout en même temps, par une contradiction singulière, elle était, depuis 1848, dépendante des votes du peuple, plus strictement et plus pleinement que jamais : la nation genevoise tout entière, ville de Genève et communes catholiques annexées, régnait sur le budget de l’Eglise ; la partie protestante de la nation régnait sur le choix des pasteurs et du Consistoire. Encore

  1. Voyez la Revue des 15 juillet 1914, 1er février et 1er avril 1916.