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LES MOYENS OFFENSIFS

Dans toute guerre, le premier objectif que l’on se propose est la destruction de l’ennemi. Avant même que les Allemands n’entreprissent contre notre marine leurs attaques sans merci, les Alliés avaient envisagé les moyens de supprimer les sous-marins. Malheureusement il s’agissait pour eux d’improviser de toutes pièces un programme offensif. Durant la paix, aucun procédé tactique de défensive contre-sous-marine n’avait été étudié. On ne se doutait pas alors du rôle que cette arme nouvelle serait appelée à jouer. Les prévisions n’envisageaient, en effet, que l’action des sous-marins contre les navires de guerre dont la défensive se résumait dans l’emploi du canon : soit le canon des grands navires eux-mêmes, soit l’artillerie d’un rideau de torpilleurs disposés autour des escadres de ligne. Accessoirement on avait imaginé des dispositifs de protection des escadres au mouillage par filets et grand’gardes. Et c’était tout ! Les marines alliées ont donc été conduites à mettre en application des méthodes nouvelles pour protéger la navigation commerciale, — méthodes offensives et défensives qui, bien qu’employées concurremment et en liaison les unes avec les autres, ont chacune leur histoire particulière. Nous parlerons d’abord des méthodes offensives.

Ces méthodes, quelles qu’elles soient, visent toutes un même but : la capture ou la perte du sous-marin. Celui-ci pouvant naviguer indifféremment en surface ou en plongée, notre action doit s’étendre à l’une et à l’autre de ces deux positions. Les moyens de destruction qui s’appliquent à la première sont communs à tous les navires qui flottent et n’offrent aucune difficulté de réalisation. Il est donc assez naturel que notre action offensive se soit d’abord tournée vers la recherche de l’ennemi en surface à l’aide de l’arme classique de la guerre navale : le canon. Ainsi, au début des hostilités, le meilleur procédé de la lutte contre les sous-marins consistait à les écraser au moment où ils prêtent le flanc au feu de l’artillerie. Telle fut la première tactique envisagée. Pour la mettre en pratique, on multiplia les éléments flottants armés. On prit d’abord dans l’arsenal des bâtiments existants ceux qui pouvaient se plier à cette tâche. On procéda, aussi bien en France