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programme d’armement comprenait : deux pièces de ce calibre, — qu’il ne m’est pas permis de désigner avec plus de précision, — pour les vapeurs de 500 tonnes, un à l’avant, l’autre à l’arrière, et un ou deux canons de 47 millimètres, 57 millimètres ou 65 millimètres pour les vapeurs de moins de 500 tonnes. Les voiliers recevaient un armement spécial. Le programme devait être mené par étapes. Dans les premiers mois de 1917, 520 vapeurs étaient armés de deux pièces. Le calibre en question n’avait été choisi que provisoirement, à défaut de matériel mieux adapté aux conditions du tir à la mer. L’artillerie des sous-marins ayant été accrue en nombre et en calibre (les nouveaux sous-marins possèdent un ou plusieurs 150), il importe de doter nos navires marchands d’une arme capable de contre-battre l’adversaire. C’est pourquoi nous devons substituer au modèle adopté en 1916 des canons d’un calibre de plus en plus fort, en commençant par les bateaux marchands de gros tonnage.

Parmi les modèles employés à bord figure le 75 de campagne qui, après avoir fait entendre sa voix victorieuse sur les champs de bataille de la Marne et de l’Yser, a voulu essayer sur les sous-marins allemands l’efficacité de ses tirs de barrage. Mais les sous-marins vont bientôt se trouver en face de navires armés d’une artillerie beaucoup plus puissante : dès la fin de l’année, sera achevé le vaste programme que nous venons d’esquisser et qui substitue l’artillerie de gros calibre à l’artillerie moyenne. Nos bâtiments de commerce n’ont d’ailleurs pas attendu cette transformation pour se défendre. Une résistance célèbre est celle du Gard, commandant Henri Robert, de la Compagnie transatlantique. L’amiral Lacaze en a rendu compte à la Chambre des députés. Le bâtiment était armé de deux canons qui n’avaient reçu aucune transformation : c’était donc un matériel très lent. Or, il a combattu le 5 mai 1917 avec ses deux canons, non pas contre un, mais contre deux sous-marins. « Ceux-ci estimaient sans doute, a dit le ministre de la Marine, qu’avec leur pièce de 105, prenant le bâtiment chacun de leur côté, ils en auraient raison. Eh bien ! l’un d’eux, qui s’est approché à 4 000 mètres, a été peut-être coulé, l’autre, qui était à 8 000 mètres, a pris la fuite. » La bataille avait duré de cinq heures vingt-cinq à neuf heures du matin.