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torpille de celui des bâtiments détruits au canon. Il semblerait que la diminution que nous avons constatée plus haut dans le nombre des attaques au canon dût correspondre à un nombre plus élevé d’attaques à la torpille ; or, il n’en est rien. Le total de ces dernières, qui était de 233 en juin 1917, baisse dans la suite de la façon suivante : juillet, 173 ; août, 166 ; septembre. 121 ; octobre, 145 ; novembre, 136 ; décembre, 171. En juin 1918, nous ne relevons plus que 84 attaques, en juillet 85 et en août 100[1], signes certains de l’efficacité des mesures préventives qui obligent les sous-marins à opérer dans des régions où la densité du trafic est plus faible. Enfin, tous les bâtiments frappés par le cône menaçant ne sont pas perdus. Pour les sept derniers mois de 1917, le nombre des navires coulés dans toutes les mers a été de 148, 128, 83, 107, 93, 111. En juin 1918, sur 100 attaques, 55 sont suivies d’effet et en août 45. Le pourcentage s’abaisse graduellement de 75 à 50 pour 100 environ.

Par suite de la dépense considérable de torpilles à laquelle ils doivent satisfaire, nos ennemis sont amenés à construire et à régler hâtivement les moteurs : d’où infériorité manifeste de leur valeur. Nous avons vu que le pourcentage des navires coulés par rapport à ceux qui avaient été attaqués est tombé à 60 p. 100 environ. Au début de la guerre nos ennemis torpillaient presque à coup sûr ; le rapport en question atteignait le chiffre énorme de 96 p. 1001

Remarquons en effet que le sous-marin, pour lancer la torpille, doit se placer à quelques centaines de mètres et souvent dans les rangs des unités d’escorte. Il court ainsi beaucoup plus de risques d’être détruit que le submersible qui jadis engageait à longue distance un duel d’artillerie ou même la plupart du temps se bornait à donner des coups sans en recevoir. Le fait se produisait journellement au temps où nos bâtiments de commerce n’étaient pas armés. Si nous avons vu s’accroître le nombre des destructions de sous-marins, n’oublions pas que nous le devons surtout au changement de tactique de l’ennemi, qui nous permet d’agir sur lui à courte distance à l’aide de grenades sous-marines. Dernièrement, le vapeur Bandy entrait dans la cale sèche de Toulon pour y

  1. D’une façon générale, le mois d’août marque une légère recrudescence de la guerre sous-marine, mais nous verrons que le mois de septembre sera de beaucoup le meilleur que nous ayons connu.