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L'OPINION ALLEMANDE
PENDANT LA GUERRE
II ([1]

LES DÉCEPTIONS, LA NOSTALGIE DE LA PAIX ET LE DESARROI
(Janvier 1916 - Juillet 1917)

Après les grandes espérances de 1914 et de 1915, une longue suite de déceptions et de souffrances va peu à peu, chez les Allemands, exaspérer le désir de la paix. A chacune de ces déceptions, les maîtres de l’Empire s’efforceront de stimuler l’opinion défaillante. Ils réveilleront les haines : l’ennemi, diront-ils, poursuit l’anéantissement de l’Allemagne. Ils endormiront les souffrances : l’ennemi connaît, lui, des épreuves plus cruelles encore. Ils feront taire les plaintes : qui a le droit de se lamenter, lorsque tant de combattants affrontent héroïquement la mort ? Ils exalteront l’orgueil : l’Allemagne tient tête à un « monde d’ennemis » et reste toujours victorieuse. Enfin ils continueront de promettre du butin, des indemnités et des conquêtes. Le patient écoutera ses médecins, suivra leurs ordonnances ; mais les remèdes s’useront, l’organisme malade réagira moins énergiquement. Au bout de dix-huit mois, l’Allemagne ne « tiendra » plus que grâce à sa certitude d’être invincible, grâce à sa foi en Hindenburg.

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.