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au mois de juin la fin de la résistance anglaise. Cependant les convois de blé américain continuent de traverser l’Atlantique, et l’Angleterre paraît moins que jamais disposée à capituler. Le gouvernement en est réduit à épiloguer sur ses propres statistiques et à déclarer que, si les sous-marins ne peuvent décider du sort de la guerre, ils restent un des facteurs de la victoire.

Les ennemis de l’Allemagne étaient sans cesse représentés comme à bout de souffle. Néanmoins Cadorna attaque sur l’Isonzo. Les Anglais sont victorieux à Messine. Le bruit court que la France et l’Angleterre préparent une offensive d’été. Les Russes reprennent le combat et remportent des succès.

D’Amérique arrive la nouvelle de grands préparatifs militaires. Sans doute, il reste entendu que les troupes américaines sont incapables de fournir à leurs alliés une aide sérieuse et que, si les Etats-Unis parviennent à équiper une armée, ils n’auront jamais assez de vaisseaux pour la transporter en Europe. Mais, là-dessus, tout le monde ne partage peut-être plus l’optimisme du Haut Commandement.

L’intrigue nouée à Stockholm par les socialistes pour le compte du gouvernement avorte misérablement, et c’est encore un espoir de paix qui s’évanouit.

L’attitude de l’Autriche devient chaque jour plus singulière. Hindenburg a dû se rendre à Vienne. A son retour, il publie une déclaration destinée à rassurer les Allemands et sur les suites de la guerre sous-marine et sur les dispositions du gouvernement autrichien.


La guerre est gagnée pour nous, si nous résistons aux attaques ennemies jusqu’à ce que la guerre sous-marine ait accompli son œuvre. Nos bateaux l’ont de bonne besogne. Ils troublent les conditions d’existence de nos ennemis plus que nous ne le pensons. Dans un temps qui n’est pas éloigné, nos ennemis seront forcés à la paix… L’ennemi nous a sous-estimés, il avait foi dans sa supériorité numérique et croyait que des privations pourraient nous obliger à consentir à une paix qui ruinerait notre avenir et celui de nos enfants. Je voudrais que les hommes d’État des pays ennemis pussent jeter un coup d’œil dans la monarchie alliée comme je viens de le faire ; ils renonceraient à leur projet. Je rapporte de ma visite la ferme conviction que nous resterons unis jusqu’à la fin victorieuse. Dans toute l’Allemagne et dans toute l’Autriche-Hongrie, les gouvernements, les armées et