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alliées, appartient l’impérissable honneur d’avoir brisé l’orgueilleuse armée allemande par une manœuvre géniale qui restera comme une des conceptions les plus savantes et les plus souples qu’ait enfantées un cerveau humain.

Ai-je besoin de dire qu’aux services éclatants de l’armée de terre et des airs, nous associons dans une même reconnaissance la tâche non moins héroïque de nos marins ?

Le pays a été digne de ses armées. Non seulement il a gardé, aux instants critiques, le calme d’une résolution inébranlable, mais, aux minutes enivrantes du succès, il a su modérer l’expression de sa joie. Il a été admirable de mesure, de tact, de dignité et de noblesse morale.

A l’heure décisive, il s’est incarné dans un homme à qui est échu le plus beau rôle que puisse ambitionner un chef de gouvernement : quand la patrie est en danger, personnifier la patrie. Surgi à cette phase dernière de la lutte, où la moindre défaillance pouvait entraîner un désastre, M. Clemenceau, par sa foi mystique dans les destinées du pays, par l’énergie de sa volonté, a su commander aux événements. Il a été le maître de l’heure. Il a sa place parmi les plus grands serviteurs de la France.

Ce qui ajoute au prix de cette victoire, c’est que la France l’a méritée superbement. Inclinons-nous devant tous ceux qui ont souffert pour elle ! Agenouillons-nous devant ceux qui se sont sacrifiés pour elle !

Notre pensée douloureuse va vers ces morts de la grande guerre, tombés sans une plainte, parce qu’ils mouraient pour la France. Elle évoque tous ces braves, dont beaucoup étaient encore des enfants et d’autres étaient, déjà des vieillards. Mais leur vertu aura été plus forte que la mort. Ils continueront de vivre en nous, qui ne vivons que par eux. Chers morts, morts sacrés, vous serez nos conseillers et nos guides ! Vous parlerez, vous voudrez, vous agirez en nous. Vous serez notre conscience.