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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/493

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I. — LE RHIN CELTO-LATIN

Département de la Roer, — chef-lieu Aix-la-Chapelle. — Département de Rhin-et-Moselle, — chef-lieu Coblence. — Département de la Sarre, — chef-lieu Trêves. — Département du Mont-Tonnerre, — chef-lieu Mayence : cela ne sonnait pas plus étrangement, vers 1813, aux oreilles françaises que : Département de la Moselle, — chef-lieu Metz ; département du Haut-Rhin, — chef-lieu Colmar ; département du Bas-Rhin, chef-lieu Strasbourg. Strasbourg, — longtemps tenu en vassalité par le Saint-Empire, — s’était affranchi cent cinquante ans, Colmar deux cents ans, Metz deux cent cinquante ans plus tôt qu’Aix-la-Chapelle, Trêves, Coblence et Mayence. Mais la même race habitait premièrement Mayence, Coblence, Trêves, Aix-la-Chapelle d’une part, Metz, Strasbourg et Colmar d’autre part, Celtes mêlés de Latins et de Francs où le Germain du Saint-Empire n’avait pas apporté assez de sang, pour que la race primitive en fut sensiblement altérée. Trêves, antique cité des Gaulois Trévires, était aussi l’ancienne colonie latine Augusta Trevirorum, comme Coblence était le Confluentes, Aix l’Aquagrani, Mayence le Moguntiacum des légats latins, comme Metz était la ville des Gaulois Mediomatrices devenue Divodurum et Strasbourg l’Argentoratum de Drusus. Et dans tous les temps le fleuve baptisé Renos (eau courante) par les Celtes très anciens avait été considéré par tous, Germains compris, comme la limite de la Gaule vis-à-vis de la Germanie.

De César à Grégoire de Tours, — on me pardonnera de ne les pas nommer tous, — les auteurs anciens avaient admis comme avérée cette vérité que la nature fondait et que la race affirmait : pas un seul Germain de la rive gauche, domaine exclusif des Celtes quand César les était venu aider à repousser l’invasion des Suèves d’Arioviste. Bien après même que la Rhénanie eut été versée au Saint-Empire, nul n’avait osé contester que le Rhin eut cessé d’être une limite tracée par la nature entre deux races, puisque, au XVe siècle, l’Italien Pétrarque, qui n’était point partie en la querelle, s’estimait encore « en France » à Cologne et affirmait qu’au fleuve était toujours, — à consulter les habitants, — la limite des Gaules. Lorsqu’on mars 1793, trois députés rhénans étaient venus à Paris demander au nom de