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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/531

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grande offensive de Hindenburg sur le front occidental. Or, ce sont les armées franco-britanniques qui attaquent le 31 juillet et font de nombreux prisonniers. Tout bas, on commence à discuter la tactique de Hindenburg, et les critiques militaires sont obligés de développer la théorie du « repli élastique : » le Haut Commandement veut, avant tout, éviter des sacrifices inutiles. Dans le courant d’août, les Autrichiens sont battus sur le Carso, les Anglais continuent d’avancer en Flandre, les Français devant Verdun reprennent le Mort-Homme et la cote 304. Ces lieux-là sont trop célèbres, ils ont été, en 1916, le théâtre de combats trop sanglants pour que l’Allemagne soit insensible à un tel échec. On tâche de la consoler en lui répétant que les Français n’ont pu percer, que le Mort-Homme et la cote 304 sont devenus des positions sans valeur, depuis que des « conditions stratégiques nouvelles » ont rendu superflue une attaque sur Verdun, et finalement on invite tout le monde à un acte de foi en Hindenburg.

La semaine suivante, Riga est pris. Une telle victoire va-t-elle étouffer le murmure des mécontents et restaurer le prestige des chefs ?

Les pangermanistes, qui depuis quelques mois modéraient un peu leur langage, exultent de joie : la conquête de Riga « ville allemande » aura pour prix l’annexion de la Courlande, de la Livonie… et même de la Pologne. Quelle gloire pour les armes impériales ! Quel chef-d’œuvre de stratégie que le plan des généraux allemands ! Enfin quelle confusion pour les pacifistes du Reichstag !


Riga nous fournit la preuve la plus éclatante qu’il faut attacher plus de valeur aux succès militaires qu’à tous les efforts des politiciens qui tendent à fausser l’aspect des choses. Riga nous donne une fois de plus à nous et au monde le sentiment que Hindenburg est l’homme d’action capable de briser tous les obstacles et dont la pensée géniale fait créer de l’histoire par sa brillante armée. Tous les mensonges de nos ennemis sur l’affaiblissement de l’énergie combative allemande, sur l’immense débâcle de la force allemande, Riga les anéantit. En réalité, un coup terrible et non seulement militaire, mais économique, politique et moral est porté à la Russie et à tous nos ennemis… La libération de la Galicie et des Carpathes, l’offensive de la Moldavie et la prise de Riga annoncent au monde entier l’impuissance de l’Entente en face du commandement et des exploits