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bien informé, les secrets les plus troublants !… » (Stuttgarter Neues Tagblatt, 6 octobre 1917.)

Le public croit à toutes les statistiques, ajoute foi à tous les démentis, accepte toutes les admonestations, et continue d’appeler la paix ; mais voici que, coup sur coup, deux événements vont se produire, la défaite de l’Italie et l’effondrement de la Russie, qui lui apporteront sinon la certitude, du moins l’illusion d’une paix prochaine, et cela suffit à le guérir, — pour un instant, — de la « psychose de guerre, » comme disent ses thérapeutes.


CAPORETTO

A la nouvelle de la victoire de Caporetto, tous les instincts ataviques du Germain conquérant et envahisseur se réveillent une fois de plus. Venise est sous les canons allemands ! A la faveur de la révolution, désormais inévitable, les troupes austro-allemandes vont traverser la Lombardie, prendre Milan, conquérir Gênes et la Méditerranée ! A Berlin, déjà des sociétés s’organisent pour l’exploitation des mines de soufre de la Sicile. Le pape va intervenir, la paix va être signée ! L’Allemagne se venge et venge la justice. Selon Dante, les traîtres sont condamnés à un affreux supplice : ils grelottent dans une gaine de glace. L’indulgente Germanie épargnera cette torture aux Italiens. « Mais nous voici pleins de confiance devant le spectacle de la terrible vengeance des puissances morales. La Russie désorganisée est livrée à la plus épouvantable anarchie ; la Serbie, où les conspirateurs envoyaient leurs émissaires en Autriche pour y semer la mort, est anéantie ; l’infidèle Roumanie, avec ses boyards dissolus qui surpassent Paris en stérile débauche, en impiété, en dépravation, et qui nous menacèrent à une heure critique de nous attaquer par derrière, a été réduite à rien. Tous les criminels ont été jugés. L’histoire a prononcé. » (Hannoverscher Anzeiger, 13 novembre 1917.) Et quelles conséquences découleront de cette victoire de l’Isonzol « Nos ennemis jouent leur va-tout. Ils ont tout mis sur une carte. Par une propagande inouïe, ils ont inculqué à leurs peuples la conviction que, grâce à la supériorité matérielle, ils doivent finir par écraser quelque part les Allemands. C’est à ce moment que se produit l’événement formidable dont je considère la répercussion sur