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se sont sauvés de l’armée, et les envoient devant les conseils de guerre ; la garde du président de la République est composée d’Annamites, car seuls des jaunes accepteront de tirer sur le peuple le jour prochain où éclatera la révolution ; la dictature de Clemenceau va s’effondrer ; déjà les socialistes l’ont décrété d’accusation, etc.

Les bureaux de presse qui répandent ces histoires extravagantes ont-ils été mystifiés par leurs informateurs ? Ce n’est pas impossible, car on a beaucoup surfait la valeur des services de renseignement allemands pendant la guerre. Il est cependant plus probable que ces bureaux, pour surchauffer l’opinion, jugent utile d’ajouter à l’éloquence des bulletins de victoire quelques impostures agréables et d’un effet sûr. Parmi les mensonges traditionnels de la presse, ceux qui concernent la France, n’ont jamais lassé la crédulité des Allemands : depuis le 1er août 1914, on leur a répété que la France serait le lendemain en révolution, ils l’ont cru, ils le croient toujours.


NOUVELLES INQUIÉTUDES

La crainte des hécatombes rendait cette offensive impopulaire avant qu’elle fût commencée. Or, dès le second jour, le bruit se répand qu’elle a coûté des sacrifices énormes. La presse affirme que, grâce au brouillard qui a dissimulé les assaillants, les pertes ont été insignifiantes ; trois jours après, elles sont « relativement minimes ; » enfin le communiqué du 28 mars dit : « Nos pertes sont restées dans les limites normales. En certains points où se livraient des combats particulièrement violents, elles ont été plus lourdes. » Ce demi-aveu a jeté le trouble dans les esprits ; pour les calmer, il faut à tout prix laisser croire que la lutte, si dure contre les Anglais, sera plus facile et moins coûteuse contre la France déjà désarmée et terrorisée.

Après la prise de Montdidier, les communiqués n’annoncent plus aucune avance importante. Serait-ce donc déjà la (in de la grande offensive ? Non, répondent les officieux ; de la patience ! c’est un arrêt momentané ; une pareille opération ne s’achève pas en une semaine ; il faut maintenant exploiter les avantages obtenus, amener les munitions et le ravitaillement sur les nouvelles ligues, faire appel à d’autres unités ; quant