m’en vais, enchanté de cette visite à une personne qui est un personnage historique et qui m’a dit un mot vraiment notable.
Un homme robuste, les épaules larges, solides, les cheveux drus, la moustache roussâtre découvrant dans un rire large des dents énormes, — un homme debout, tenant des feuillets de la main gauche et, de la main droite, martelant, enfonçant, le poing fermé, ses phrases dans les oreilles et comme dans la poitrine des auditeurs, un homme a la voix claire, âpre parfois, lançant les phrases comme des commandements militaires, — c’est Roosevelt à la Sorbonne, orateur parlant à la foule et soulevant la foule.
Un homme debout devant des vieillards assis et des photographes attentifs, intimidé en apparence, souriant de ce même sourire large ; peu décoratif dans sa redingote sans élégance, mais sympathique dans sa simplicité, c’est Roosevelt a l’Institut, remerciant ses confrères de l’avoir élu.
— Quand j’ai reçu la nouvelle de mon élection, j’étais dans l’Afrique équatoriale où je chassais le rhinocéros blanc qui existait dans votre pays quand mon pays n’existait pas. Et du Mexique, du Brésil et des Etats-Unis où la nouvelle était arrivée avant de me parvenir, je recevais des félicitations, et je suis heureux de vivre dans un temps où l’on peut voir ce miracle : la nouvelle arrivant ainsi qu’on fait partie d’un corps illustre, d’une académie, qui est la plus glorieuse du monde, etc. etc.
Il résume son opinion :
— Les nations ne manqueront jamais d’hommes de génie. Ce dont elles ont besoin c’est d’hommes de bon sens, — il fait un geste en hauteur, — agrandis !…
Il dira à la Sorbonne :
— Je tiens à dire ce qui suit en français, car c’est le trust de mes sentiments.
Et il déclare :
— Si les droits de l’homme étaient opposés aux droits de la propriété, ce sont les droits de l’homme qui devraient avoir le dessus ! (Seulement avec son accent américain il prononce le dessous ! )
Mais le public comprend et applaudit.
A la Comédie, il a été très cordial et simple. Très