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MÉDAILLONS DE PEINTRES [1]


LE GRECO


SAINT MARTIN


Dans la fauve Tolède où tu vécus ta vie
Tu rencontras, GRECO, ce noble cavalier
Qui, d’un fier geste évangélique et familier,
Offre au pauvre du Christ le manteau qu’il mendie.

De la scène jadis que ton œil a suivie
Tu fis plus tard, selon les règles du métier,
Ce beau tableau votif où l’on voit s’allier
La vérité visible avec l’allégorie.

Ce hidalgo dont tu sus faire un saint Martin
N’est-il pas tout ton art véridique et hautain ?
Et le pauvre, n’est-ce pas toi qu’il représente,

Qui, sur la toile offerte à ton humilité,
As donné pour jamais une forme vivante
Au rêve ardent et haut dont ton cœur fut hanté ?

  1. Ces « Médaillons de peintres » sont détachés d’un ensemble de poésies composées pour accompagner la reproduction, en cent soixante-treize planches, des principales toiles de la collection privée de Mme J.et G. Bernheim-Jeune, éditeurs de l’ouvrage qui paraîtra prochainement sous le titre de : L’Art moderne et quelques aspects de l’Art ancien.