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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/749

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PENDANT UN VOYAGE EN HOLLANDE.


ou qu’elle soit gracieuse, comme dans ceux-ci :

Je préfère à Paris, au Louvre, aux Tuileries,
Aux grands carrosses d’or couronnés de laquais,
Aux spectacles, aux bals, aux fêtes, aux banquets,
Au cirque éblouissant où plane l’écuyère,
Les chansons qu’on entend le soir dans la bruyère.

Des pages en prose, souvent presque illisibles, du carnet j’ai réussi à détacher ces morceaux ou ces réflexions :

Être aveugle et être aimé, c’est là une des formes les plus exquises du bonheur. Avoir toujours près de soi une femme, une fille, une sœur, un être charmant qui est là parce que vous avez besoin d’elle et parce qu’elle ne peut se passer de vous, l’entendre aller et venir, parler, chanter, et sentir qu’on est le but de ces pas, de cette parole, de ce chant, devenir dans l’obscurité et par l’obscurité l’astre charmant autour duquel gravite un ange, peu de félicités égalent celle-là… L’âme cherche l’âme à tâtons et la trouve. N’être jamais quitté, avoir sans cesse là cette douce faiblesse qui vous secourt, s’appuyer à la ruse et se sentir inébranlable, quel ravissement ! Le cœur, cette divine fleur obscure, entre dans un épanouissement mystérieux. On ne donnerait pas cette ombre pour toute la lumière. L’âme ange est là, toujours là. On ne voit rien, et l’on se sent adoré. Il y a toujours un baiser près de soi.