Lundi, 11 novembre 1918, place de l’Opéra. Il est dix heures du matin ; en haut du grand perron, contre la façade du monument de Charles Garnier, l’Idylle, le Chant, le Drame, la Cantate, les groupes de la Musique et de la Danse commentent les événements, à leur habitude. Le Groupe de la Danse, enfermé sous son appareil protecteur, ne prend pas part à la conversation. En face, sur une grande affiche pour l’emprunt de la Libération, l’Alsace et la Lorraine invitent les citoyens à souscrire et élèvent les cœurs vers le Comptoir d’Escompte.
Je suis dans un état d’énervement dont vous ne pouvez pas vous faire une idée. Voyons ! Est-ce signé ? N’est-ce pas signe : »
Je n’en sais pas plus que vous. Tout à l’heure, l’Echo de Paris a sorti une pancarte qui annonçait que c’était signé ; mais, après quelques minutes, la pancarte a été retirée.
Alors, ce n’est pas officiel. Tous les gens sont comme nous, impatients, anxieux ; il y a un singulier frémissement sur les boulevards.