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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/786

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leurs effectifs de paix, leurs moyens d’attaque et de défense, pour être chacun en état de résister à toute agression de ses voisins ? À vrai dire, il semble que l’application de ce système de la « Paix armée » doive se heurter, dans l’avenir, à de véritables impossibilités.

Dès avant la guerre, les finances des grands Etuis de l’Europe succombaient sous le poids dus, charge. » militaires. Qu’en sera-t-il demain ? Les dépenses faites pour la guerre ont démesurément agrandi, dans chaque État, la charge incombant au budget annuel pour le paiement des intérêts de la Dette. On peut ajouter qu’en raison du caractère de « guerre de matériel » qu’a pris La guerre moderne, le taux des dépenses militaires par rapport au chiffre des soldats entretenus sera certainement, dans l’avenir, beaucoup plus élevé que par le passé.

Il semble qu’aucun grand peuple de l’Europe ne puisse désormais soutenir l’abdication du service militaire universel, tel qu’il était pratiqué en franco et en Allemagne avant la guerre, sans consacrer à son budget militaire des sommes qui par ailleurs lui seront indispensables, aussi bien pour son relèvement économique que pour la satisfaction de ses besoins sociaux.

Tenus de pourvoir, sans illusion, aux obligations de leur défense nationale, la France et tous ses Alliés continentaux, Belgique, Italie, Roumanie, Serbie, seront en même temps obligés de limiter d’une manière très stricte leurs dépenses militaires, pendant longtemps.

Il est vraisemblable que, pour éviter l’asservissement indéfini des dépenses de cette nature, le prochain. Congrès de la Paix, à l’exemple des Conférences de la Haye, étudiera les moyens de limiter par une convention les armements de chaque État. Les précédents à cet égard sont peu encourageants ; ils montrent qu’il est difficile de donner à une convention de limitation des armements une forme pratique et efficace. Si on fixe un chiffre maximum des effectifs de paix, les clauses de cet accord peuvent être tournées en abrégeant la durée du séjour des soldats sous les drapeaux et en introduisant parallèlement, dans l’ensemble de la nation, des mesures de préparation militaire qui échappent à tout contrôle. Se proposera-t-on de limiter directement les dépenses, en inscrivant par exemple dans le traité de paix un tableau des dépenses d’ordre militaire, qu’il serait interdit de