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Une voiture s’arrête sur la route. S’il s’agit d’une panne légère, l’équipe volante (atelier de la section) u vite fait de la remettre, en état de roulement. Mais, si elle est immobilisée par un accident ou une blessure grave, il faut l’enlever et la ramener a l’arrière jusqu’au parc de réparation. Or, on pouvait prévoir ces accidents graves à raison de un par 100 véhicules, — c’est en effet ce qui se produisit dans la réalité : — cela faisait entre soixante et soixante-dix par jour pour l’ensemble des véhicules qui circuleraient dans la région (6 à 7 000)[1]. Le parc de Bar ne possédait que quelques camions spéciaux, avec treuils. Ceux d’Aulnay et de Toul furent mandés en haie ; et il fut décidé que des camions ordinaires, de préférence de fort tonnage, seraient équipés en outillage, de manière qu’il y eût constamment une trentaine de véhicules dépanneurs : la S. P. 9., du parc de Bar, se spécialisait dans cette entreprise de l’enlèvement des éclopés et des morts.

Le plan général ainsi arrêté, le siège de la Commission régulatrice fut installé en face du Lycée, et le poste du canton n° 1 s’établit sur la route de Verdun, à la sortie de Bar, à un carrefour situé à quelques centaines de mètres après le pont sur le canal.

On ne prévoyait toujours pas, à ce moment, que le premier obus allemand allait tomber le lendemain matin sur Verdun. La journée du 21 fut donc laissée à chacun (et c’était peu ! ) pour s’organiser, rassembler hâtivement, et cependant avec soin, du matériel et du personnel.

Et il fut décidé que la Commission régulatrice devait être complètement prête à fonctionner le mardi 22 à midi.


III

Et le 22 à midi, en effet, la Commission régulatrice fonctionnait, sur cette route de Bar-le-Duc à Verdun, — qui allait lui appartenir pendant près de onze mois.

Il faut l’avoir vue alors, cette route célèbre, cette route par laquelle devaient monter tant d’héroïques bataillons ; par laquelle devaient être transportés, en masses formidables, les munitions, les vivres, le matériel de tranchée ; par laquelle

  1. Il y en eut 10 000. Mais les voitures ne sortent pas toutes tous les jours.