Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

effet infaillible. Il écrit : « Un prince malheureux, un capitaine qui n’est pas sans renommée, s’adresse avec confiance à un capitaine aussi généreux qu’illustre, pour obtenir un asile en Angleterre. Mylord, j’ai perdu le trône de Naples pour avoir voulu être fidèle à mon système de vouloir rester inviolablement attaché au système de la Grande-Bretagne. Telle fut en effet ma déclaration à Lord Castlereagh, à l’époque du dernier événement de l’ile d’Elbe ; telle fut celle que je fis à Lord Bentinck à l’ouverture de cette dernière campagne, lorsqu’il me fit dénoncer l’armistice avant l’expiration des trois mois qui devaient suivre cette dénonciation. Je lui fis écrire que, ne voulant, ni ne pouvant vouloir me mettre en guerre avec l’Angleterre, j’allais rentrer dans mes États, et demander une suspension d’armes au général autrichien. Cette résolution me perdit, car, en restant sur le Pô, j’eusse infailliblement forcé ce général à l’accepter, et je serais encore en possession de mes États. » Il se plaint que sa femme et ses enfants aient été menés prisonniers en Autriche, et il demande à se placer sous la sauvegarde de l’honneur britannique et de la gloire de son premier général : « Mylord, dit-il, je ne saurais rendre un plus grand hommage au peuple anglais, je ne saurais payer un plus grand tribut d’estime et d’admiration aux qualités éminentes qui vous distinguent et qui viennent de vous placer au rang des plus grands capitaines. Ne dédaignez pas mon hommage, mylord, c’est celui d’un militaire d’honneur qui, tout en vous admirant, et sans être jaloux de votre gloire, désira longtemps de vous combattre, dans l’espoir d’enrichir son expérience de vos talents militaires. »

Cette lettre, dont Mural attendait le suffrage de Wellington, ne fut point envoyée par Coussy à son destinataire, parce que, lorsqu’elle parvint à Paris, Macirone « avait reçu de Sir Charles Stuart une note officielle l’informant qu’il était chargé par Lord Castlereagh de lui dire que le Prince régent ne jugeait pas à propos, pour le moment et par rapport aux circonstances du jour, d’accéder à la demande du Roi[1]. » Macirone remit à

  1. Macirone assure que, sur la nouvelle de la Restauration, Murat aurait écrit aux premiers magistrats du département, pour les assurer qu’il serait le dernier à troubler la tranquillité publique, qu’il ne demandait que la faveur de rester en sûreté où il était, jusqu’à ce qu’on connût la décision des Alliés sur son sort. Il aurait joint une lettre pour Louis XVIII dans laquelle il invoquait la générosité et la magnanimité d’un ennemi victorieux.