- Théâtre de l’Opéra-Comique : Pénélope, de MM. René Fauchois et Gabriel Fauré. — A propos de Marouf et de la Fille de Roland, de M. Henri Rabaud. — Chants populaires d’Italie.
L’année qui précéda la guerre, l’Opéra-Comique donna le Marouf de M. Henri Rabaud. La guerre achevée, l’Opéra-Comique reprend, à côté de Marouf, la Pénélope de M. Gabriel Fauré. Et c’est fort bien ainsi. Pénélope, un soir, et, le lendemain, Marouf, nous offrent deux aspects et comme deux visages, l’un rieur, l’autre noble et pur, du génie musical de notre patrie.
Pénélope est une des œuvres, très françaises et trop rares aujourd’hui, que définirait assez bien cette formule : « Beaucoup de musique en peu de sons. » Après tant de musiciens esclaves de leur métier, mornes tâcherons d’une tâche aussi lourde qu’inutile, voici donc un maître de son art, de l’art le plus sobre, mais le plus efficace, de celui-là qu’on peut appeler divin, s’il est vrai, — les anciens l’assuraient, — que ce qui est divin a les pieds légers. Cet art épargne à la fois le temps et les moyens. Cette œuvre dure peu, sans pour cela paraître courte, sans qu’un détail y soit omis ou négligé seulement. En elle, rien ne traîne ou ne tarde. Rien surtout ne pèse, n’embarrasse et n’obscurcit. L’orchestre, ou la symphonie, avec la voix ; la parole, ou la déclamation, avec le chant, y entretient un rapport constamment harmonieux. Dans tous les ordres, à tous les plans, à tous les degrés de la musique, jamais de surcharge ni d’excès. L’auditeur de Pénélope ne se trouve point devant un entassement de formes vagues et vaines, mais devant un groupe d’éléments choisis et de signes éloquents. Chacun a sa raison et sa