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produire, avec cette force plus coûteuse, des marchandises plus chères et, par conséquent, être hors d’état de les écouler au dehors, en même temps qu’on augmente le prix de la vie.

Cela ne veut pas dire qu’il faille s’en tenir aux énergies déjà connues et ne pas accorder une préférence à celles que produit notre sol. Tout notre travail montre le contraire et nous allons pousser cette tendance au point d’étudier en terminant une série de propositions nouvelles plus ou moins ingénieuses, pour conclure en connaissance de cause que la plupart d’entre elles sont actuellement irréalisables.

Mais on doit retenir que l’utilisation des forces naturelles est appelée à se faire dans un ordre logiquement déterminé suivant l’économie de leur emploi : celle-ci étant elle-même modifiée chaque jour par les découvertes scientifiques. Nous sommes au temps de la houille, du pétrole et des forces hydrauliques. Plus tard viendra l’époque de la chaleur solaire et des marées. Le véritable précurseur n’est pas celui qui prétend méconnaître les conditions de son temps pour s’adapter de force à un état de choses futur ; mais celui qui, par une invention heureuse, fait franchir à une idée souvent fort ancienne l’étape décisive, après laquelle elle devient avantageuse, ou tout au moins celui qui s’aperçoit le premier de cette étape accomplie en dehors de lui. Les découvertes, qui constituent des révolutions économiques, sont aussi rares que les plantes tropicales dont la fleur jaillit à plusieurs mètres en une nuit. Généralement, les saisons accomplissent peu à peu leur œuvre ; le bouton, la fleur, puis le fruit se succèdent lentement, à mesure que tout un concours de circonstances nécessaires est réalisé. C’est pourquoi le passage de la théorie à la pratique est presque toujours progressif et accompli simultanément par de nombreux inventeurs qui s’en disputent la gloire.

En tenant compte de cette observation, on voit aussitôt que l’emploi des énergies naturelles pose au moins deux questions techniques distinctes : réaliser un mécanisme susceptible de capter la force avantageusement et trouver un moyen pratique d’amener cette force captée au consommateur, à l’acheteur, dans des conditions telles que celui-ci n’ait pas intérêt à s’adresser ailleurs. Les deux points sont également importants. Le charbon qui se trouve à mille mètres de profondeur au fond de la Sibérie ou de la Chine, le torrent qui coule dans le