Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 50.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le monde entier, la Grande-Bretagne peut envisager l’avenir avec confiance.

Il en est tout naturellement de même pour les États-Unis, qui sont le grand pays pétrolifère du monde, avec des réserves assurée ? au taux actuel de l’exploitation pour au moins trente ans et des possibilités considérables, sans parler du Mexique à leurs portes. Les besoins américains sont cependant de plus en plus considérables. La production de pétrole aux États-Unis est montée de 8,5 millions de tonnes en 1900 à 37 millions en 1916, et c’est à peine s’il en est résulté une crise de surproduction très momentanée.

Tout autre apparaît malheureusement le cas de la France et, si j’ai dû souligner notre pauvreté en houille, notre disette de pétrole est encore bien plus affligeante. En dehors de l’Alsace qui nous revient, notre pays ne contient aucun gisement pétrolifère exploité. Quand on veut parler des pétroles français, on est réduit à insister sur les résultats très encourageants donnés par un petit nombre de sondages algériens et sur le peu d’huile minérale qu’on obtient en distillant les schistes bitumineux d’Autun ou de l’Allier. Il est fort possible que la zone algérienne se développe et s’étende vers le Maroc, où on en connaît des indices. Il peut également arriver qu’on rencontre du pétrole en France dans l’une ou l’autre des régions où la géologie invite à tenter des sondages. Mais la différence est grande entre espérer et tenir. Jusqu’à nouvel ordre, nous devons nous considérer comme dépendants des pétroles américains, ou de leurs concurrents hollandais. Même en temps de paix, cela peut devenir gênant, les Américains ayant tendance à consommer eux-mêmes une proportion croissante de leur pétrole,. Dans l’hypothèse d’une guerre future, ce serait beaucoup plus grave, si nous n’avions pas, comme aujourd’hui, l’alliance efficace des États-Unis et de l’Angleterre. L’infériorité combative de notre marine nous mettrait immédiatement dans une situation cruelle. Il semble donc que nous devions apporter quelque prudence à trop généraliser l’emploi militaire du pétrole et, surtout, que nous aurions dû employer à temps les moyens nécessaires pour nous procurer du combustible liquide : soit en distillant davantage notre houille et nos lignites de manière à obtenir des huiles de goudron et de la paraffine (comme on y pousse aujourd’hui les industriels) ; soit en favorisant les