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extrême un degré de cet escalier. Depuis quatre ans, le consommateur tire sans cesse le producteur en avant, et celui-ci a gagné assez de millions à ce jeu pour se laisser faire. Mais, la consommation exceptionnelle de la guerre étant désormais suspendue, il pourra se produire un temps d’arrêt dans les mises en valeur de forces hydrauliques, avec le tassement habituel en pareil cas, jusqu’à ce que les industries de paix aient entièrement occupé les places vacantes...


LE VENT

Avec la houille blanche, nous avons achevé de parcourir les grandes sources d’énergie qui, dans un avenir prochain, ont des chances pour alimenter à peu près seules l’humanité. Cependant, nous allons encore en examiner d’autres, dont le nom s’est déjà trouvé prononcé, tant pour indiquer dans quelle mesure nous pouvons compter sur elles dans une période ultérieure que pour discuter des conceptions, parfois séduisantes, mais destinées, suivant toutes vraisemblances, à rester quelque temps encore sans réalisations utiles. Et, d’abord, après avoir signalé la grande importance prise par les emplois de l’eau courante, ne faut-il pas songer à une résurrection analogue pour une autre force utilisée de même en des temps anciens : pour le vent, qui met lui aussi à notre disposition des réserves d’énergie gigantesques ?

A cet égard, il est certain que nous avons reculé par rapport à nos ancêtres. Les moulins à vent tombent les uns après les autres en ruine dans notre pays ; le joli conte de Daudet y est d’une application universelle et les voiles des navires ont été, elles aussi, remplacées par des chaudières ou des turbines. La force du vent a, pour un moderne, un défaut capital, son irrégularité allant fréquemment jusqu’à l’intermittence. Le moulin à vent garde sa place marquée dans ces pays d’Orient, où la notion du temps n’existe pas. Ep Europe, nous demandons plus de continuité que n’en offre ce travailleur fantaisiste. Nous désirons également plus de centralisation et des moteurs dont le maximum ne soit pas de 16 ou 20 chevaux. De fait, l’usage du vent se borne à de faibles productions de force motrice dans les châteaux, villas ou installations agricoles. Il faudrait, pour en tirer parti davantage, une conception technique nouvelle,