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haitons la bienvenue aux Allemands d’Autriche, a répliqué l’un des leaders socialistes, appuyant le ministre des Affaires étrangères. Un fort pouvoir central n’a jamais été plus nécessaire qu’aujourd’hui. Le victorieux orgueil de nos ennemis nous menace de morcellement : nous nous élevons contre cela : ce qui est allemand doit rester allemand, à l’Est et à l’Ouest. » Non plus que l’âme allemande, la politique allemande n’a varié d’un iota ; elle ne connaît jamais qu’une règle : ne rien rendre, prendre le plus possible.

C’est dans ces dispositions générales de l’esprit allemand que la Commission d’armistice a regagné Trêves pour convenir d’un troisième renouvellement. Cette négociation, qui s’annonçait assez difficile, avait été l’objet, elle aussi, d’une mise en scène soignée, protestation préalable de l’Assemblée nationale constituante contre « une paix de violence, » et même contre toute « paix dictée ; » contre « des conditions d’armistice exagérées, tendant à amener la ruine du peuple allemand et de sa vie économique ; » contre « toute tentative en vue de porter atteinte au droit de libre disposition de l’Alsace-Lorraine ; » contre « la proposition d’arracher au peuple allemand ses colonies ; » contre « le procédé inouï de vouloir enquêter d’une façon unilatérale sur les causes de la guerre et de citer, en violation du droit des gens, devant une cour de justice non allemande, de soi-disants prévenus. » Car telles sont les attentions indulgentes de la République socialiste pour l’ex-Empereur et ses conseillers ! De ces griefs multiples, les uns se réfèrent à l’armistice même, les autres à la paix future, mais c’est le calcul allemand de mêler les choses pour les embrouiller et, ainsi, brouiller les hommes. En arrivant à Trêves, lecture parle général de Hammerstein, successeur du général de Winterfeld, parti sur une démission retentissante, d’une protestation supplémentaire, avec cette conclusion, qui était encore une manœuvre, toujours la même : « Le peuple allemand compte absolument que désormais on ne s’écartera pas des principes posés par le Président Wilson et que, par conséquent, au lieu de nouvelles aggravations, on lui accordera des adoucissements dont il a besoin pour organiser l’ordre intérieur du nouvel État. » Au surplus, on répandait l’information que la Commission avait reçu de Berlin l’ordre formel de ne prendre au nom de l’Allemagne aucune déciion définitive sans y avoir été autorisée par le gouvernement. Si bien que quelques-uns se demandaient, rassemblant certaines données, certains indices recueillis au cours des dernières semaines : Signera-t-elle ou ne signera-t-elle pas ? L’Allemagne a