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En prenant l’initiative des opérations, on fait naître les événements. Un commandant en chef énergique, ayant confiance en soi, en ses subordonnés, en ses troupes, ne laissera jamais à son adversaire la priorité de l’action, sous le prétexte d’attendre des renseignements plus précis. Il imprimera aux opérations, dès le début de la guerre, un tel caractère de violence et d’acharnement que l’ennemi, frappé dans son moral et paralysé dans son action, se verra réduit peut-être à rester sur la défensive.

En présence d’un tel adversaire ayant pris l’initiative des opérations, c’est encore par une contre-offensive énergique et violente qu’il sera possible de donner à la lutte une tournure favorable.

ARTICLE 7. — Pour livrer la lutte suprême qui décide du sort de la guerre. et dont l’avenir de la nation est l’enjeu, on ne saurait disposer de trop de forces. Toutes les grandes unités opérant sur un même théâtre doivent donc participer activement à la bataille générale...

ART. 20. — Pour être en mesure de réaliser sa manœuvre, le chef doit posséder sa liberté d’action, c’est-à-dire disposer de ses forces et rester maître de les employer, malgré l’ennemi, à l’exécution de son plan.

Dans une grande unité, il importe donc, avant tout, que les éléments de cette unité soient en situation de participer à la bataille et qu’ils ne soient pas exposés à être attaqués et battus séparément. Lorsque ces conditions sont réalisées, le chef dispose de ses forces : on dit alors que l’unité est réunie.

La réunion des forces, ainsi définie, constitue une condition essentielle de la liberté d’action du commandant.

ART. 21. — Lorsque les forces sont réunies, le meilleur moyen, pour un chef, d’assurer sa liberté d’action est d’imposer sa volonté à l’ennemi par une offensive vigoureusement menée, suivant une idée directrice bien arrêtée. Cette offensive impressionne l’adversaire, l’oblige à se défendre, et déconcerte ses projets d’attaque.

ART. 22. — Les dispositions prises pour l’exécution de la manœuvre doivent viser à surprendre l’adversaire pour lui enlever sa liberté d’action. La surprise résulte, pour l’ennemi, d’un danger auquel il est hors d’étal de parer d’une manière complète et en temps opportun. Elle exige la rapidité des mouvements et la sécurité des opérations.


Liberté d’action, liaisons assurées, participation de toutes les forces à la bataille, initiative, surprise, tels sont les éléments qui doivent être réunis à la minute suprême pour assurer le succès. Joffre les attend et les rassemble avec une patience et une célérité admirables dans le court délai que son repli vers le Sud lui assure.