Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 50.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous en sommes là, le 3 septembre. Reprenons chacune de ces conditions, et voyons à quel moment elles se trouvent réalisées.

a) Les deux corps nouveaux qui, transportés du front Est, doivent agir sur le front Ouest et dont la présence est indispensable, sont le 15e corps et le 21e corps. Mais nous avons dit que le déplacement d’un troisième corps, le 4e , a été, en outre, antérieurement décidé : ce corps, qui faisait partie de l’armée Sarrail, a reçu l’ordre de se rendre à la 6e armée dès que la bataille de la Meuse a été terminée. Quelque diligence qu’on ait faite, ce corps, enlevé le 1er septembre, ne peut arriver à Paris avant le 4 septembre. On prépare ses logements dans la région du Bourget à cette date. Une de ses divisions sera retenue en soutien de l’armée britannique. Raisonnablement on ne peut compter que le 4e corps sera « en place » et en état de marcher à la bataille avant le 7 septembre au matin.

Le 21e corps est emprunté à l’armée Dubail ; il lui est encore impossible de quitter la ligne de la Mortagne où le danger de rupture reste imminent. C’est seulement le 4 au soir que le général Dubail pourra le livrer au général Joffre pour la grande bataille projetée à l’Ouest. Transporté par voie ferrée avec la plus grande célérité dans la région de Joinville-Vassy où il est destiné à former, entre Montiérender et Longeville, une articulation indispensable, il ne sera à pied-d’œuvre que le 5 et le 6 septembre. On ne peut se passer de lui, il faut l’attendre.

Ajoutons que le 15e corps demandé le Ier septembre, à l’armée du général de Castelnau, avec les forces restantes du 9e corps va faire mouvement sur Vaucouleurs, puis sur Gondrecourt et ne sera en place que les 7 et 8 septembre.

b) La question du concours de French est une des plus difficiles à régler. Nous avons dit les raisons qui portaient le général anglais à ne risquer, à aucun prix, l’armée qui lui avait été confiée. L’exposer à la destruction ou à l’encerclement, c’était, pour ainsi dire, réduire l’Angleterre à l’impuissance pour tout le cours de la guerre. French éprouvait donc les plus grands scrupules à engager à fond son armée, et même à la laisser s’accrocher. A l’entrevue de Compiègne, Joffre avait obtenu de lui que l’armée britannique resterait en soutien à une journée en arrière de l’armée française ; mais c’était tout.