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près des poèmes magnifiques inspirés par l’amour de la Gloire,


Une dame bien plus belle que le soleil !


Enfin, nous avons volontairement laissé de côté les grandes chansons politiques sur la Croisade, les grandeurs romaines, la patrie italienne, poèmes considérables, uniques dans leur genre, riches d’incroyables beautés. J’ai voulu aujourd’hui isoler, en ses principaux aspects, l’histoire de l’amour, de la mélancolie, de la conversion.

Assurément un commentaire érudit ajouterait bien des choses à cette histoire morale ! L’exposition rapide que j’ai tentée ici, — la lecture si l’on veut, — diffère bien de l’analyse qui a été souvent faite, que j’ai fuite moi-même. Je sais ce que l’on peut découvrir de réalités en comparant les dires des Sonnets et des Chansons avec tant de documents, les lettres de Pétrarque et tous ses écrits. Mais on peut se forcer à oublier ce qu’on sait. C’est l’expérience que j’ai faite.

Pour bien lire les poètes, il ne faut pas trop savoir.

Mais encore une fois, tout cela est-il vrai ? s’approche-t-il du vrai ? Il faut le tenir pour tel ; je m’interdis pour l’instant d’en discuter un mot. Tout ce que je puis assurer, c’est que Pétrarque le tenait pour vrai, alors qu’il l’écrivait.

Et il suffit de croire cela pour lire un poète. Il faut être capable, à un certain moment, de n’ouvrir les yeux que sur ses poèmes. Si ce sincère regard ne nous apprend rien, et que seule l’analyse savante nous révèle la beauté, nous avons devant nous un poète mort. Pétrarque est un poète vivant. C’est ce que j’ai tâché de me montrer à moi-même.

Cela ne m’empêchera pas de retourner avant qu’il soit longtemps au patient travail de Pétrarcologie !


HENRY COCHIN.