Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 50.djvu/686

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE LITTÉRAIRE

FRANÇOIS BULOZ ET SES AMIS [1]

Comme les anciens fondateurs de villes ou d’empires, François Buloz est, dans l’opinion commune, un personnage à demi légendaire. Et sa légende a commencé de son vivant : c’est qu’il avait affaire à des témoins de grande imagination, des écrivains, et romantiques. Les anecdotes qui ont trait à lui le représentent plus fort, plus volontaire et brutal, plus incommode à la destinée que l’humanité ordinaire : c’est un héros ; et avec son œil unique, c’est une espèce de cyclope. Dans son antre, la Revue des Deux Mondes, il forge la littérature de son temps : et, les forgerons qui travaillent à ses côtés, il leur fait la vie dure. Mais enfin, l’œuvre s’accomplit, sous les marteaux.

Une légende n’est jamais toute dépourvue de vérité. Il y a de l’étonnant, certes, en Buloz, une sorte de génie, mi prestige, un don de l’efficacité où se révèle son privilège de nature. Mais il était, et simple et bon, tout animé de vertus généralement les plus aimables, et laborieux ; entêté aussi : entêté à la belle besogne de servir la littérature et les littérateurs, de les aider à servir la France et quelquefois, de les y obliger. Nos lecteurs le savent, après les articles de Mme Marie-Louise Pailleron. Pour éviter l’inconvénient de pareilles redites, l’usage est ici de ne point analyser et commenter les ouvrages qui ont para d’abord dans la Revue : mais, quand paraît le premier tome de François Buloz et ses amis, la Revue aurait tort de ne pas célébrer ces préludes de son histoire.

  1. François Buloz et ses amis. La vie littéraire sous Louis-Philippe, Correspondances inédites de F. Buloz, Alfred de Vigny, Brizeux, Sainte-Beuve, Mérimée, George Sand, Alfred de Musset, etc., par Marie-Louise Pailleron. (Calmann-Lévy.