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RÉCEPTION DE Mgr BAUDRILLART
Á L’ACADÉMIE FRANÇAISE

On a tant répété à Mgr Baudrillart, depuis quelque temps, qu’il est petit-fils de Sylvestre de Sacy et académisable de naissance ; on a si souvent évoqué les ombres de treize de ses parents qui étaient académiciens quand il était enfant, et suspendu ses premiers pas aux basques d’un habit vert, que c’est une originalité de dire simplement qu’il est l’un des membres éminents du clergé de France. Il a composé sur Philippe V un ouvrage magistral, qui est demeuré classique. Il a dirigé avec fermeté l’Institut catholique de Paris dans des circonstances difficiles et assuré contre une conjuration de dangers ce foyer de hautes études. Pendant cette guerre, enfin, où une longue campagne de calomnies avait détourné de la France les partis qui se piquaient d’avoir de la vertu dans les opinions, il a été le porte-parole des catholiques de France, leur missionnaire en Espagne et leur représentant en Amérique. Quand, le 10 mars, Mgr Baudrillard a été reçu à l’Académie, l’Église à son tour est venue participer à cette cérémonie. Dans l’amphithéâtre, comble comme à l’ordinaire, on distinguait cette fois la somptueuse tache rouge d’un manteau cardinalice. Mgr Amette était là, entouré de trois évêques. Ils ont été salués de longs applaudissements.

Mgr Baudrillard prend place entre le comte d’Haussonville et M. René Bazin. Ses traits marqués par l’étude de froncements concentrés, sont éclairés par le front droit et haut. On se rappelle le grand air d’aristocrate désabusé qu’avait Mgr d’Hulst. Son successeur à l’Institut catholique, Mgr Péchenard, taillé en pleine roche de l’Ardenne, avait des sourcils de gouvernement : il avait régenté le clergé de Reims avec une houlette en nœuds de chêne ; pendant la guerre, cette énergie est devenue de l’héroïsme, et l’évêque de