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tant de provinces, s’appellera la Bataille de France, celle que peut-être une humanité plus heureuse, mais non nécessairement plus noble, vénérera à travers les âges comme la bataille libératrice, qui aura mis fin aux guerres.

Ce sera, dès le 20 juillet, l’offensive de l’armée de Mitry, de Dormans à Mareuil-le-Port ; — du 20 juillet au 2 août, l’offensive de l’armée Berthelot poussant vers la Vesle ; — et le 8 août, entre la Somme et l’Avre, l’offensive franco-britannique des armées Rawlinson et Debeney ; — et le 12 août, ce sera l’offensive de l’armée Humbert, de Montdidier jusqu’à l’Oise ; — et ce sera, dans la seconde quinzaine d’août, l’offensive de l’armée Mangin entre l’Aisne et l’Ailette ; — et encore l’offensive de l’armée Byng et de l’armée Horn vers Bapaume ; et ce sera, au début de septembre, l’élargissement de l’offensive des armées Byng et Horn en avant d’Arras ; — et à la mi-septembre, ce sera l’offensive des années Dégoutte et Berthelot au Sud, puis au Nord de la Vesle ; — et encore l’offensive de l’armée Pershing vers Saint-Mihiel ; — et le 26 septembre, ce sera l’offensive de l’année Pershing et de l’armée Gouraud vers Buzancy et vers Vouziers ; — et le 27, l’offensive britannique vers Cambrai ; — et le 29, l’offensive belge vers la forêt d’Houthulst ; et, aux premiers jours d’octobre, la prise de Saint-Quentin, puis de Roulers, puis de Lille…

Il est facile à tout venant de dénombrer ces coups. Il serait plus malaisé, et hors de notre pouvoir, d’analyser l’art qui les dirige, les redouble, les multiplie, en précipite le rythme et la cadence. Nous qui n’avons jamais considéré en ces pages la conduite générale des opérations que dans la mesure où il était nécessaire pour expliquer l’action de l’infanterie, tenons-nous-en à représenter par l’exemple, pris presque au hasard, d’une seule division, quelles énergies durent déployer nos fantassins en ces dures opérations offensives.

La 165e division d’infanterie, aux ordres du général Caron, a pris part, du 10 au 17 août, à l’action offensive de la 3e armée ; retirée de la ligne de feu le 18, elle y est renvoyée après sept jours seulement de repos. Du 26 au 28, ses trois régiments d’infanterie, — le 154e, le 155e, le 287e, — s’installent dans le secteur de Canny-sur-Matz ; mais à peine y sont-ils entrés, ils sont lancés en avant, le 28 août, car l’ennemi, se repliant sur tout le front de la 3e armée, a décampé dans la nuit, couvert