PENDANT L’OCCUPATION ALLEMANDE
Quand les troupes allemandes foulèrent pour la première fois, le 20 août 1914, les pavés de Bruxelles, inondant bientôt les rues, les boulevards, les places de la ville muette de douleur patriotique, les directeurs des grands quotidiens, réunis en assemblée solennelle, décidèrent, — c’est un titre de gloire pour la presse, — que, le soir même, les journaux ne paraîtraient plus. Le général von Armin essaya de faire revenir sur cette décision les hommes énergiques qu’il avait convoqués à l’hôtel de ville. Il y perdit son allemand.
Bientôt commencèrent à circuler, sous le manteau, des petits papiers tapés à la machine, hargneux, frondeurs, malicieux. Le public s’arrachait ces feuillets légers, les lisait avec joie, les commentait en famille, en faisait des copies nouvelles pour les répandre abondamment. Plus les pamphlets étaient violents, mieux on les savourait ; certaines poésies, celles de Richepin notamment, très montées de ton, eurent un succès considérable, tant était grande la rage de la population.
Un jésuite, le Père Dubar, préfet du nouveau collège Saint-