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du président Fong, ou celle de l’ancien Parlement et des partis avancés, ni celle des généraux politiciens sur qui le président Fong avait cherché à s’appuyer, mais celle du président du Conseil Touan rétabli au mois de mars par le président Fong, qui avait dû s’incliner devant un pouvoir supérieur au sien et, d’autre part, celle d’un petit groupe, d’une élite, souhaitant et reconnaissant pour chef l’homme d’Etat qui, depuis la mort du vice-roi Li-hong-tchang, représentait le mieux, et par les qualités les plus hautes, l’ancien mandarinat chinois, je veux dire Siu-che-tch’ang qui avait été sous l’Empire vice-roi, ministre membre du Grand Conseil, tuteur de l’héritier du Trône, et qui, sous la République, avait été président du Conseil et grand chancelier du président Yuan-che-kai. — Avant la date fixée pour l’élection, le général Touan, qui secondait la candidature de Siu-che-tch’ang, avait annoncé sa résolution d’abandonner la présidence du Conseil. L’attente quasi unanime de l’opinion et des partis était, d’autre part, que Siu-che-tch’ang, s’il était élu, s’appliquerait tout d’abord et de tout son effort à réaliser la réconciliation entre le Nord et le Sud et à pacifier le pays.

Le 4 septembre, Siu-che-tch’ang fut élu président par 425 voix sur 436 votants. Il était réellement porté par le vœu unanime du Parlement et de la nation.

Le président Siu-che-tch’ang, par sa carrière passée, par son caractère, par l’élévation et la culture de son esprit, comme par les intentions qui lui étaient attribuées, devait inspirer confiance à la nation chinoise. — Il appartenait à la catégorie des hauts fonctionnaires et des lettrés sur lesquels avait jusqu’en 1911 reposé le gouvernement de la Chine. Il était membre de cette académie des Hanlin qui, fondée au VIIe siècle de notre ère, et bien qu’abolie par un décret présidentiel du 2 juin 1912, était pour les Chinois le séminaire, non seulement de la haute culture intellectuelle, mais de l’administration et du gouvernement du Céleste Empire. Par une coïncidence qui sans doute n’était pas un hasard, mais plutôt un signe des temps, les deux présidents du Sénat et de la Chambre qui venaient d’élever Siu-che-tch’ang à la présidence de la République, Leang-che-yi et Wang-yi-tang, étaient également membres de l’académie des Hanlin. Le gouvernement et la représentation nationale de la Chine revenaient donc, comme dans l’ancienne tradition, et sous le régime nouveau de la