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C’est à cette conférence que je voudrais aujourd’hui consacrer ma chronique, aux raisons à la fois idéales et pratiques qui l’ont inspirée, et qui font qu’elle devait avoir lieu à ce moment, aux buts qu’elle poursuit et aux moyens de les réaliser, enfin aux bienfaits sans nombre que l’humanité peut et doit en retirer.

On remarquera que, dans la rédaction de l’article cité plus haut du pacte des nations, il est question de l’activité des Croix-Rouges dans la lutte contre la souffrance humaine. Autrement dit, il s’agit d’employer les Croix-Rouges non plus seulement dans le cadre relativement limité des champs de bataille et de leurs annexes hospitalières, mais d’une manière plus large dans tout ce qui touche à la maladie et à la souffrance évitable.

Il eût été assurément bien regrettable de laisser tomber en quenouille, de démobiliser, si j’ose dire, en même temps que les armées, toutes ces organisations volontaires qui, surtout grâce au dévouement et à la tendre abnégation des femmes, se sont prodiguées pendant plus de quatre ans au chevet des soldats blessés et malades.

C’est évidemment cette préoccupation de ne pas laisser sans emploi l’expérience ainsi accumulée et les dévouements exercés pendant la guerre qui a conduit le Comité international de la Croix-Rouge à convoquer une réunion des Croix-Rouges du monde entier qui devra se tenir à Genève trente jours après la signature de la paix.

Cette convocation a été faite à la demande des Sociétés de la Croix-Rouge des États-Unis, de France, d’Angleterre, d’Italie et du Japon, dont les représentants se sont constitués en un Comité des Sociétés de la Croix-Rouge, « en vue d’élaborer et proposer aux sociétés de la Croix-Rouge du monde un programme élargi des activités de la Croix-Rouge dans l’intérêt de l’humanité. »

Le président de ce Comité des sociétés de la Croix-Rouge est un Américain, M. Henry P. Davison, qui a dirigé toute l’activité de guerre de la Croix-Rouge américaine. Avec cet esprit à la fois pratique et noblement idéaliste qui caractérise si souvent les grands meneurs d’hommes et d’affaires des États-Unis, il a pensé que ce futur Congrès international des Croix-Rouges à Genève devait être logiquement précédé d’une réunion où, entre alliés initiateurs du mouvement, on discuterait scientifiquement, avec l’aide des spécialistes et des techniciens les plus éminents, un programme d’action ordonnée qui pourrait être soumis au Congrès de Genève, De là est née l’idée de la réunion de Cannes afin de préparer l’adaptation aux misères de la paix des organisations sanitaires que la guerre a si heureusement développées.