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On apprend dans la soirée que les Boches avaient essayé d’attaquer en masse, mais que leur attaque a avorté, écrasée dans l’œuf par nos tirs d’artillerie.

18 avril. — Nuit calme. Le Boche encaisse. Nous faisons du harcèlement perpétuel.

Il se confirme que l’attaque boche est un gros insuccès, c’est-à-dire que c’est la fin de l’offensive boche, qui sait ?…

Les renforts continuent d’affluer ; voilà la 34e division, puis on annonce la 154e, la 39e : c’est le 20e corps qui rapplique.

Le maréchal Haig a dit au lieutenant Madinier, en français : « Je connais la 6e D. C. pour l’avoir vue à l’œuvre ; c’est une belle division, et je suis heureux de l’avoir vue venir. » Notre artilleur[1], en outre, reçoit de chauds remerciements pour le concours intelligent qu’il a prêté aux Anglais. Nous allons, nous Français, définitivement relever les Anglais et tenir les Monts. Il est certain que notre présence a été pour les Anglais un puissant réconfort moral, un stimulant ; notre 75 fait merveille dans le barrage. Mais il faut reconnaître que, jusqu’à ce jour, les premières lignes ont toujours été tenues par les Anglais et qu’ils ont su résister à la poussée allemande. Je crois que si les Allemands n’avaient pas fait une poche brusque en enlevant pour ainsi dire les divisions portugaises, les Anglais par leurs propres moyens auraient résisté à la poussée allemande.

La situation ici semble tout à fait recollée et les Allemands ne monteront pas sur les Monts. — Ce n’est d’ailleurs pas un lieu de délices, certes non ! Nos trois brigade ? , qui y sont depuis notre arrivée, y ont éprouvé des perles cruelles par le marmitage perpétuel. Il a fallu s’enterrer, et c’est encore plus long qu’on ne pense.

20 avril. — Rien de nouveau.

21 avril. — Nos cavaliers rentrent au repos, près de Wormhout. Ils ne l’ont pas volé !… Il y a un empilement de troupes formidable sur ces fameux monts, pas la plus petite place vide. Il n’est pas douteux d’ailleurs que notre rôle est fini. Nous l’avons, soit dit sans nous flatter, brillamment joué, et notre arrivée après cette performance a soutenu le moral de nos alliés d’une manière merveilleuse…


On suit dans ces notes charmantes la figure changeante de la bataille, sa physionomie mobile, l’arrivée d, e nos réserves, les Allemands hésitant, tâtant le terrain de côté et d’autre, surpris de nous rencontrer dans toutes les fissures et de voir la situation se consolider d’heure en heure sur les Monts.

  1. Commandant l’artillerie de la division.