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le cauchemar de ce qui pourrait être un jour la plus grande Guerre : plus forts nous serons, moins aussi nous serons menacés. La route est large, devant notre mission mondiale, nationale et civilisatrice, orientée dans ces voies : il suffit de voir pour réaliser à temps. De cet avenir fécond, la première heure sonne.

Camarades que la terre africaine a gardés, vous qui dormez là-bas votre éternel sommeil en vos tombes anonymes et sans date, qu’ensevelissent encore, fossoyeurs verdoyants du dernier oubli, les hautes herbes des hivernages ; exilés que nulle mère, nulle épouse ne viendra pleurer, consolez-vous de n’avoir pas vu resplendir la grande aube ! Votre labeur obscur, vos souffrances sans témoin l’ont préparée. Vos cendres ont germé en moissons de soldats et leurs phalanges se sont ébranlées derrière vos ombres ! Précurseurs, vous avez participé à la revanche !

À ces absents, gardons aussi, en ces jours de triomphe, la part d’indéfectible reconnaissance qui leur est due. Ouvriers de la plus grande France, ils auront été, avant la première heure, les bons artisans de la victoire. Ils ont droit que l’épée resplendissante de la patrie sauvée trace sur leur tombe lointaine les mots du repos mérité,


ALFRED GUIGNARD.