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Tel est le point de départ des négociations qui ne se dénouèrent qu’à deux ans de là. Les principaux acteurs en sont : du côté de la France, à Paris, le Président Carnot, MM. de Freycinet et Ribot et leurs successeurs au Quai d’Orsay MM. Deville, Casimir Périer, le général de Miribel, chef d’Etat-Major général ; à Saint-Pétersbourg le marquis de Montebello, le général de Boisdeffre assisté du colonel Moulin ; du côté de la Russie et sous les ordres d’Alexandre III, le ministre Giers, les généraux Obroutcheff et Vannowsky et l’ambassadeur impérial Mohrenheim. C’est entre ces personnages qu’eurent lieu les études préliminaires et que furent prises les décisions successives proposées à l’agrément de l’Empereur et au Président de la République française.

Rappelons enfin qu’elles furent poursuivies dans le plus grand secret, ainsi que l’avait demandé Alexandre. Elles n’ont été connues dans leurs détails qu’à une date récente par la publication du Livre Jaune où se trouvent relatés les nombreux incidents qui en retardèrent la conclusion. Mais ces deux années ne furent pas perdues pour l’Alliance, elles donnèrent lieu à des manifestations qui, de plus en plus, la rendaient inévitable.

C’est ainsi, par exemple, qu’il fut décidé par l’Empereur au mois d’août 1893, que l’escadre russe, sous les ordres de l’amiral Avelane, irait à Toulon, pour rendre à la flotte française la visite faite par celle-ci à Cronstadt. La décision impériale fut exécutée en septembre et donna lieu à de nouveaux échanges de sympathies et d’amitiés. Les Parisiens n’ont pas oublié la présence des marins russes aux obsèques du maréchal de Mac Mahon. À ce moment, par suite de la saison et de l’absence de l’Empereur, les négociations de Saint-Pétersbourg avaient été suspendues, mais, dès le début de décembre, elles étaient reprises au point où elles avaient été laissées, c’est-à-dire tout proche de leur fin.

Le 19, Montebello, rentré de congé, fut reçu par l’Empereur. Il était chargé de lui remettre, avec une lettre autographe, le grand cordon de la Légion d’Honneur conféré à son frère, le grand-duc Paul, par le Président de la République. Après avoir exprimé sa gratitude, l’Empereur déclara qu’il avait été profondément touché de l’accueil fait aux officiers de la Marine impériale à Toulon et à Paris. « Devant une semblable