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l’Alsace-Lorraine, le fer, le charbon, la potasse, le sel gemme et le pétrole, et en ajoutant quelques mots sur l’industrie des textiles. Nous laisserons de côté d’autres bénéfices moindres de la désannexion, comme les minerais divers, l’agriculture ou la libre utilisation du Rhin.


{{c|I. — LES MINERAIS DE FER ET LES USINES MÉTALLURGIQUES

Le sujet qu’il nous faut aborder dans ce paragraphe, c’est la grosse question des minerais lorrains, qui a fait couler, en ces derniers temps, bien des flots d’encre et suscité bien des paroles. Nous-même avons déjà eu l’occasion de l’examiner ici quand nous avons étudié, il y a trois ans, le problème Franco-allemand du fer [1], et cela nous permettra d’être bref ; mais le point de vue a changé depuis lors et l’on a tellement embrouillé un sujet industriel assez simple par le conflit de la politique et de la stratégie que nous ne pouvons nous borner à rappeler ce travail précédent.

On sait comment la question a été soulevée à la Chambre des députés et traitée le 31 janvier, puis le 14 février 1919, dans des discours, dont quelques débris, échappés aux intempéries, doivent encore couvrir les murs de nos édifices publics. Il s’agissait de savoir pourquoi, au début de la guerre, on avait évacué Briey sans combat et mis volontairement à peu près toute notre industrie du fer entre les mains des Allemands ; pourquoi ensuite on n’avait pas bombardé avec intensité nos usines, activement utilisées par l’ennemi contre nous. Je n’ai pas, en ce moment, à discuter les motifs de haute convenance internationale qui ont pu déterminer ou justifier l’évacuation de Briey, ni à examiner dans quelle mesure une offensive de notre part vers Thionville, ou un bombardement par avions, eussent été plus tard réalisables et efficaces. Ce que je retiens seulement des aveux apportés officiellement à la tribune, c’est qu’à beaucoup de nos hommes politiques le rôle économique de la région n’apparaissait encore que sous une forme très vague ; ils ne possédaient que des données très imprécises sur la production du fer en France et en Allemagne.

Concluons-en qu’on ne doit jamais se lasser de répéter les

  1. Voyez la Revue du 15 juillet 1916.