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détaché de la brigade, pour servir de soutien aux troupes d’assaut, n’eut pas l’occasion d’intervenir et on se contenta de lui faire prendre à la nuit la relève des tirailleurs très éprouvés. Le reste de la brigade navale demeurait en « rafraîchissement » dans la région Fort-Mardyck-Saint-Pol. Cependant, vers le milieu de la journée du 28, un second bataillon (le 1er du 2e régiment) avait été dirigé d’urgence par autobus sur le Groenendyck dont les dunes avoisinent Nieuport-Bains. Le 1er février, en rentrant à Goxyde, où ils cantonnaient, les deux bataillons avaient la surprise d’y retrouver les autres éléments de la brigade qui venait d’être affectée, à titre définitif, au groupement de Nieuport.

Cette affectation était la conséquence des remaniements apportés par le haut commandement dans le dispositif des troupes du bas Yser. Dès le 29 janvier, au lendemain de l’offensive sur les polders de Lombaertzyde et la Grande-Dune, le général Foch faisait savoir au général Hély d’Oissel qu’il y avait « lieu de prévoir le relèvement » par la 38e division d’une partie des troupes constituant le groupement de Nieuport. La mesure n’affectait en rien le caractère d’une disgrâce à l’endroit de Mitry qui nous avait rendu tant de services en Belgique et dont l’étoile devait reparaître plus brillante encore en Champagne et sur l’Aisne et atteindre tout son éclat dans ces combats autour de Locre (avril 1918) où la fortune le ramenait, au déclin de la guerre, sur le théâtre même de ses premiers succès. Le 31, Mitry fit ses adieux au groupement de Nieuport ; le 4 février, il était cité à l’ordre de l’armée ; le 5, il passait officiellement ses pouvoirs au général Hély d’Oissel.

C’était un cavalier qui succédait à un cavalier. Le général Hély d’Oissel n’avait que cinquante-cinq ans. La brigade, qui avait été sous ses ordres à Steenstraete, retrouvait en lui une figure familière et aimée. Les officiers surtout se rappelaient avec plaisir ce « cavalier mince, sec, » monté « sur un joli petit cheval arabe » à la fine encolure et chez qui l’homme de sport se combinait harmonieusement avec l’homme d’étude : sorti le premier de l’École de guerre, il s’était rapidement adapté aux formes nouvelles du combat moderne ; il vivait dans le contact permanent de ses troupes et ne croyait pas s’abaisser en rédigeant lui-même, à l’occasion, le motif des citations dont elles avaient été l’objet. Il tenait enfin en haute