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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/459

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L’ACADÉMIE DE METZ
À PROPOS DE SON CENTENAIRE


I. — LA FONDATION D’UNE ACADÉMIE SOUS l’ANCIEN RÉGIME

A Metz, dans le salon du gouverneur militaire, à côté du cabinet de travail où siégeait naguère, en uniforme de feld-maréchal prussien, boutonné jusqu’au menton, la croix de fer accrochée au drap verdâtre de sa tunique, le vieux comte Gottlieb von Haeseler, qui fit son apprentissage de guerre en Lorraine, et qui est sorti tardivement de sa retraite pour soutenir, à Verdun, l’effort désespéré du kronprinz, on voit un beau portrait du maréchal de Belle-Isle, qui fut gouverneur de Metz, deux cents ans après le duc François de Guise, et cent-soixante ans avant le général de Maud’huy.

Le peintre a pris un plaisir évident à célébrer d’un pinceau complaisant et soigneux, en couleurs vives et fraîches, en lignes souples et robustes, ce qu’il y avait de majesté naturelle et de bonne grâce avenante dans la figure de son modèle, l’expression à la fois obligeante et impérieuse du maréchal de Belle-Isle, son air de commandement et de cérémonie, tempéré par l’affabilité persuasive de sa parole et par le rayonnement de sympathie dont s’illumine le regard de ses yeux hardis, volontiers rieurs. On reconnaît, dans cette image véridique, l’optimisme de l’heureux homme qui a fait rentrer la fortune et les honneurs dans la famille du disgracié Fouquet, son aïeul. C’est un vieillard encore désireux de plaire, et qui, sous son ample perruque à l’ancienne mode, garde parmi les élégances du règne de Louis XV, quelques restes imposants des pompes du siècle précédent. C’est avant tout un grand seigneur, à la fois un capitaine et un diplomate, épris de gloire, curieux d’obtenir le surcroît de