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cité lorraine. C’étaient, notamment, MM. Nicolas Thionville, Michel Lalance, Jean Roucelle, François Mary, Etienne Dumont, Nicolas Pacquin, Charles Baudesson, tous conseillers échevins de l’Hôtel de ville de Metz. Ces messieurs avaient pris leur logement, pour la plupart, à l’hôtellerie du Dauphin, rue du Bac, afin d’être plus près de la demeure du maréchal. Lorsque celui-ci, annoncé par un valet poudré, eut pris place dans un fauteuil, au milieu de l’assemblée, maître Trutat donna lecture de l’acte préparé en son étude.

C’est un contrat en bonne et due forme, rédigé sur parchemin, timbré de la généralité de Paris, et d’où il résulte que « très haut et très puissant seigneur Monseigneur Charles-Louis-Auguste Fouquet de Belle-Isle, duc de Gisors, pair et maréchal de France, gouverneur des ville et citadelle de Metz, Pays Messin et Verdunois, commandant en chef dans les Trois Évêchés, lieutenant-général des duchés de Lorraine et de Bar, etc. » reçoit de la ville de Metz une somme de soixante mille livres « en espèces sonnantes, ayant cours », qui lui est due. Mais, le 22 octobre suivant, est fait et passé un acte de donation entre vifs, par lequel cette somme, convertie en une rente annuelle et perpétuelle au denier vingt, doit assurer « à jamais le sort et la gloire » de la « Société d’étude des Sciences et des Arts » de Metz, devenue Académie royale, parce que, depuis trois ans, cette Société d’hommes de lettres « se prépare avec assiduité à rendre utiles au public les fruits de son application. »

Les lettres patentes, données à Versailles au mois de juillet 1760, signées par le roi, contresignées par M. Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, secrétaire d’État, scellées du « grand sceau de cire jaune », registrées enfin à Metz, le 28 août de la même année, en cour de Parlement, par les soins de M. de Montholon, premier président, à la requête de M. Le Goullon de Champel, procureur général, définissent en termes précis l’emploi de cette importante donation. Il s’agit d’ « exciter l’émulation », et, pour cela, de « fonder annuellement des prix, » de « fournir des jetons destinés à maintenir l’assiduité, » enfin de « subvenir aux dépenses indispensables ».

Le maréchal de Belle-Isle, ne négligeant rien de ce qui pouvait servir à l’accroissement de sa renommée et répondre à la magnificence naturelle de son esprit, fit faire un règlement, revêtu de sa signature et prescrivant que la médaille d’or destinée à servir de prix « portera à perpétuité d’un côté l’effigie de son fondateur » et de l’autre une inscription rappelant tous ses titres. « Les jetons auront de même, à perpétuité, l’effigie du fondateur... »