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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les destins ont trouvé leur voie. Né à Versailles, l’Empire allemand est venu mourir à Versailles. Nous disons : l’Empire avec un Empereur, puisque le Reich allemand sans Empereur subsiste. Le 28 juin 1919 est ainsi l’une des grandes journées, peut-être la plus grande de notre histoire. Dans une certaine mesure, il dépend de nous qu’elle soit cette journée suprême ou qu’elle le devienne. Déjà la lumière dont elle est baignée, son atmosphère de gloire et de victoire, en a effacé d’autres, — une autre surtout, une après-midi de janvier 1871, — qui furent abominablement sombres. En cette suite prodigieuse de chutes et de relèvements, d’abîmes et de sommets, dont l’enchaînement hasardeux, mais jamais rompu, forme notre vie nationale, elle nous ramène sur la ligne de faîte.

Tandis que là-bas, aux pieds et comme sous les rayons du Roi-Soleil, devant les représentants de vingt-six peuples assemblés, on introduisait les deux personnages obscurs, longs et tristes qui apportaient la signature de l’Allemagne, obligée de confesser sa défaite, nous feuilletions ici le recueil des illustres traités d’autrefois, et nous y relisions ceux par lesquels s’ouvrit en sa splendeur première le règne incomparable : le « Traité de paix signé à Munster en Westphalie le 24 octobre 1648, par les Ambassadeurs Plénipotentiaires de leurs Majestés Impériale et Très-Chrétienne, et par les autres Députez Plénipotentiaires des Électeurs, Princes et États du Saint Empire Romain ; » le « Traité de paix entre les couronnes d’Espagne et de France, conclu et arrêté dans l’isle des Faisans, située dans la rivière de Vidasoa, à demie lieue d’Irum, du côté des Pirénées, le 7 novembre 1659. » L’un de ces traités, aux titres pleins de noblesse, avait fondé pour un siècle et demi le droit public européen, et l’autre, marqué l’apogée de la Monarchie des lys. Et puis, de paix en paix, lentement d’abord, ensuite précipitamment,