Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/519

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

3° Il ne doit être fait, dans cette guerre, aucun règlement territorial qui ne réponde aux intérêts et avantages des populations intéressées et qui soit une simple cause d’arrangements ou de compromis entre les ambitions d’États rivaux ;

Chaque nationalité bien définie devra voir ses aspirations réalisées dans toute la mesure du possible et de manière à écarter toutes causes ou nouvelles ou anciennes de discorde et d’antagonisme d’où résulteraient à l’avenir de nouveaux dangers pour la paix de l’Europe et du monde.

En restant dans la sphère des principes, on voit que ceux du président Wilson sont dominés par deux idées, deux axiomes ou, si l’on veut, deux articles de foi : — La justice est inhérente aux aspirations des peuples vivant en démocratie ; — La paix est attachée au respect de la nationalité.

Les peuples décident de leur destinée par un vote libre de la génération présente ; — les peuples qui se gouvernent eux-mêmes n’errent pas : tels sont les deux pôles du système wilsoniens

Toutes autres considérations politiques s’effacent devant celles-là ; toute garantie de frontière, d’équilibre, de sécurité, toute combinaison diplomatique ou politique disparaissent devant cette sécurité suprême qu’apportent avec elles la nationalité et la démocratie. Il suffit de confier la défense de ces principes infaillibles à un organisme supérieur représentant à la fois les nationalités et les démocraties, — et cet organisme sera la Société des Nations, — pour que la paix du monde et le règne de la justice soient assurés.

Je n’entreprends pas de soumettre à une critique philosophique la valeur et l’autorité de ces deux postulats politiques : je les accepte ; car, avant tout, je suis de mon temps [1].


II. — LA VOIX DE LA FRANCE

Autorité de la France dans les affaires européennes. — Je tiens à faire observer, cependant, que, quelle que fût la haute autorité du président Wilson, quelle que fût la grandeur du service rendu aux Puissances alliées et à l’humanité quand

  1. Cependant, en ce qui concerne, particulièrement, la thèse des Nationalités, je prie qu’on se reporte à l’article que j’ai publié dans la Revue du 1er novembre 1916.