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ruines ; l’autre demi-section avec l’enseigne Goudot à la ferme de l’Union. Dans la matinée du 12 mai, les Allemands bombardent par intermittence W et Union et tous les ouvrages avancés de Saint-Georges. Vers treize heures, le bombardement devient intense. Il est exécuté avec tous les calibres. Tir très précis. Les points de chute se groupent à quelques mètres les uns des autres. Ainsi tout l’après-midi. »

Ce fut « terrible, » dit l’officier des équipages Dévisse. Et le second maître Boullaire précise : « sur un espace de 400 mètres, nous n’avons pas reçu moins de 4000 obus de tous calibres. Pendant sept heures consécutives, nous sommes restés couchés à plat ventre dans la boue sous cette mitraille qui, malheureusement, faucha une grande partie des défenseurs, » — dont le chef de ces braves et l’un des meilleurs officiers de la brigade, le lieutenant de vaisseau Michel, qu’un coup de 57 à la jambe, qui lui avait coupé l’artère fémorale et fait une trentaine d’autres blessures, obligea, vers quatre heures de l’après-midi, de passer son commandement au 1e maître Robic.

Ce bombardement anormal semblant présager des mouvements d’infanterie, le commandant du sous-secteur fit avancer dans les tranchées Doris et de la Source (entre la Vache-Crevée et Saint Georges) les deux sections de la 1re et de la 6e compagnies qu’il tenait en réserve. Vers sept heures du soir, le bombardement diminue d’intensité et l’arrosage par shrapnells commence sur tout le terrain entre W, Union et Saint-Georges. À sept heures quinze, une attaque allemande, forte de 250 hommes environ, débouche du pont de l’Union et des berges Nord et Sud de ce pont et s’engouffre sur la route de Bruges, courant vers W. On fait aussitôt jouer le barrage d’artillerie, et la garnison de l’Yser Sud (1re section de la 2e compagnie, enseigne Constantin), ainsi que la section de mitrailleuses de ce poste avancé, (enseigne Domenech) ouvrent le feu sur les Allemands à partir du milieu de leur colonne d’attaque, comptant sur les défenseurs du fortin pour anéantir sa tête. Mais de l’ouvrage W part une très faible fusillade. Il fait jour encore. L’enseigne Constantin regarde, étonné (l’Yser Sud a vue sur W), et constate que la garnison du fortin est réduite à quelques marins, blessés pour la plupart. On distingue, en effet, leurs pansements. Plus tard les survivants ajouteront, pour expliquer cette faiblesse de leur mousqueterie, que beau-